Se retrouvant mardi dans la bibliothèque du Parlement, 32 députés du parti Kataëb, du Changement, du Renouveau et de la Modération nationale tenteront de trouver une sortie à l’impasse présidentielle.

Une trentaine de députés de l’opposion se réuniront mardi à 15 heures dans la bibliothèque du Parlement pour débattre de trois sujets principaux: l’élection présidentielle, la participation à d’éventuelles séances législatives avant l’élection d’un nouveau chef de l’État et la possibilité de former un comité de suivi qui contacterait les autres groupes parlementaires.

Ces députés sont issus des blocs du parti Kataëb, du Changement, du Renouveau et de la Modération nationale (Akkar). Quelques indépendants se joindront à eux. Le nombre final de participants n’est pas encore clair, mais sur près de 39 invités, 32 ont déjà confirmé leur présence.

Une grande partie des députés qui répondront présents mardi avaient voté pour Michel Moawad lors de précédentes séances consacrées à l’élection présidentielle. Mais la réunion de mardi vise davantage à définir une stratégie pour la prochaine étape de cette échéance, que d’augmenter le nombre de voix qui seront déposées dans l’urne en sa faveur jeudi prochain. Même si certains de ses collègues espèrent qu’il tirera profit de cette réunion de concertation.

Celle-ci devait d’abord se tenir dans un hôtel, puis il a été convenu qu’elle aura lieu dans la bibliothèque du Parlement, "pour des raisons de sécurité", précise un des participants.

Prolongement des "rencontres du mardi"

L’initiative constitue en fait le prolongement des "rencontres du mardi" qui se tenaient auparavant au Parlement, comme l’expliquent à Ici Beyrouth les députés Sélim Sayegh (Kataëb) et Waddah Sadek (qui est sorti du bloc du Changement le 24 octobre dernier). Ces concertations regroupaient des indépendants, ainsi que le groupe Kataëb et une partie des parlementaires du Changement.

Selon plusieurs sources, c’est M. Sadek qui a pris l’initiative de contacter les députés pour cette nouvelle rencontre. Et les Kataëb ont également joué un rôle en réactivant les contacts avec les différents blocs de cette opposition centriste. Une réunion regroupant de nombreux députés avait eu lieu au siège des Kataëb à Saïfi le 1er novembre.

Les concertations du mardi "avaient subi des revers, à cause de l’échec des tentatives de former un gouvernement, et du retard dans l’élection d’un président", explique M. Sayegh, ajoutant: "Nous avons compris qu’il faut sortir de l’impasse car l’inaction n’est pas une option".

Selon lui, la rencontre vise à "renforcer le dénominateur commun qui nous unit, et avoir une approche commune sur différents sujets, les plus importants étant l’élection présidentielle et la légifération au sein du Parlement". En d’autres termes, "il ne s’agit pas d’une alliance parlementaire, mais de groupes qui se ressemblent et qui ont décidé d’approfondir les concertations, sans se créer des obligations unilatérales".

Sortir de l’attentisme

"Nous restons souples sur l’approche, tout en prenant conscience de plus en plus que l’autre partie, qui a du mal à dégager un candidat, est en train par la bouche (du secrétaire général du Hezbollah) Hassan Nasrallah de monter les enchères", explique M. Sayegh. "D’où la nécessité de coordonner entre nous pour accélérer notre plan qui vise à réaliser une percée et sortir de l’attentisme", ajoute-t-il.

Cette initiative est-elle également coordonnée avec les autres partis souverainistes de l’opposition, à savoir les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste, même s’ils ne participent pas à ces rencontres?

"En tant que parti, nous avons notre tradition du travail politique, et nous coordonnons avec eux sur beaucoup de choses", répond le député Kataëb. Il ajoute: "Nous avons un partenariat avec les FL, mais eux travaillent de leur côté avec leur méthode et nous travaillons du nôtre avec notre méthode, et le tout va converger vers une candidature à la présidence, que nous allons entériner".

M. Sayegh précise que son parti est d’accord "pour le moment" avec le PSP et les FL pour soutenir Michel Moawad, "et nous ne changerons pas tant que la donne de départ reste la même et que Hassan Nasrallah confirme la justesse de notre analyse, selon laquelle il n’y a pas de volonté de chercher une solution à cette impasse, mais plutôt une volonté de rassembler des cartes dans le rapport des forces".

En fait, selon lui, les Kataëb et les FL peuvent, chacun de son coté, avoir une valeur ajoutée, "et l’objectif est de cumuler ces valeurs ajoutées".

Le choix des participants

Qui sont les invités? Pour la plupart des indépendants ou des membres de partis non traditionnels, qui participaient déjà aux réunions du mardi. Quant à ceux qui dès lors avaient choisi de ne pas prendre part aux concertations, ils n’ont pas été invités, "pour ne pas les embarrasser si des positions fortes sont prises", comme l’explique M. Sayegh. Toutefois l’invitation reste ouverte, car les positions évoluent, ajoute-t-il.

M. Sadek précise que 32 députés ont confirmé leur présence, notant que les membres de certains groupes sont à l’étranger, comme Adib Abdelmassih (Renouveau), alors que d’autres ont décidé de se faire représenter par une partie de leurs députés (deux des six députés de la Modération nationale par exemple).

Ceux qui n’avaient toujours pas répondu lundi soir, selon certaines sources, sont six députés du Changement: Melhem Khalaf, Paula Yacoubian, Halimé Kaakour, Firas Hamdane, Ibrahim Mneimé et Cynthia Zarazir.

Oussama Saad a indiqué avoir des rendez-vous à Saïda. Il avait précisé lundi en journée à Ici Beyrouth qu’il n’avait pas encore été invité.

En faveur de Moawad?

Pour ce qui est de l’élection présidentielle, les invités ont des positions variées, et n’appuient pas tous Michel Moawad.

Cela n’empêche pas certains députés d’estimer que cette rencontre pourrait augmenter les chances du député de Zghorta. C’est notamment le cas du député Achraf Rifi, collègue de Michel Moawad dans le bloc du Renouveau. "Ces contacts servent la cause", nous précise-t-il, rappelant que les votes en faveur de M. Moawad augmentent à chaque fois lors des séances électorales, et sont passés de 36 à 44.

"Si nous dépassons les 50, ce sera très important", ajoute M. Rifi, qui estime que tous les blocs participant à la réunion ont donné au moins une partie de leurs voix à M. Moawad.

L’importance de la réunion, selon Waddah Sadek, "est qu’elle rassemble un groupe influent, hors du cadre des six grands partis traditionnels". "Dans ce groupe, qui peut bouger librement, chacun garde sa liberté d’action", ajoute-t-il.

Que pensent les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste de cette rencontre? Du bien, "si ça mène à un résultat", confirment des députés de ces groupes.