Cérémonie émouvante samedi à l’Université Saint-Joseph à l’occasion de l’octroi à trois associations libanaises du "Prix de la prévention des conflits et de la paix au Liban", décerné par la Fondation Ghazal, la Fondation de France et la Fondation Vivre Ensemble.

Situation exceptionnelle oblige: pendant deux ans, la cérémonie de remise du "Prix de la prévention des conflits et de la paix au Liban" s’est faite à distance, sur une base "virtuelle". Cette année, la Fondation Ghazal a tenu à rétablir la règle du présentiel. La cérémonie traditionnelle s’est ainsi déroulée à l’amphithéâtre François Bassil, au Campus de l’Innovation et du Sport de l’Université Saint-Joseph, rue de Damas. Trois associations particulièrement actives dans le domaine du développement et de la promotion d’une culture de paix étaient à l’honneur. La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités du monde universitaire et de la société civile.

Michel Ghazal, président de la Fondation Ghazal.

Premier lauréat de cette édition 2022, l’ONG MARCH qui était pour l’occasion représentée par sa présidente et fondatrice, Léa Baroudi, ainsi que par une partie des jeunes Tripolitains des quartiers de Bab-el Tebbaneh et de Jabal Mohsen que l’ONG accompagne dans leur processus de réconciliation.

Michel Ghazal, président de la Fondation Ghazal, a loué le travail de MARCH Lebanon, en particulier à ses débuts en 2014-2015, lorsque l’ONG avait réalisé une pièce de théâtre avec la participation d’ex-combattants des deux quartiers rivaux de Tripoli, dont certains avaient été radicalisés et s’étaient impliqués directement dans le conflit syrien en participant aux combats. Certains d’entre eux avaient été incarcérés par les autorités libanaises à leur retour au Liban.

Parmi l’audience, des jeunes des quartiers de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, présents pour accompagner la remise du premier Prix à l’ONG MARCH.

“À leur sortie de prison, plutôt que de les rejeter, de les juger, de les bannir, comme le fait la société normalement, MARCH s’est fixée pour objectif de les accueillir et de les écouter, pour apprendre, ensuite pour comprendre, enfin pour entreprendre ", a souligné M. Ghazal dans un mot de circonstance.

“En les écoutant, j’ai compris que la racine du conflit à Tripoli n’était pas idéologique, a relevé pour sa part Léa Baroudi dans son discours d’accueil. Cela prend du temps, la route est très cahoteuse et il faut faire preuve de résilience. Puis on demande aux jeunes quand s’est produit le déclic pour qu’ils participent. Et ils disent: on s’est sentis vus, on s’est sentis soutenus et on s’est sentis humains”, a-t-elle ajouté.

De nombreux jeunes des quartiers de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen de Tripoli ont tenu à assister à la remise du premier Prix à l’ONG MARCH.

L’édition 2022 du Prix a également récompensé les deuxième et troisième nominés : les associations Min ila et Nation Station. La première œuvre depuis 2013 à favoriser l’éducation citoyenne dans le pays. La seconde est née de la dévastation causée par la double explosion du 4 août 2020. Elle apporte une aide à la communauté locale par le biais de divers projets, dont une cuisine communautaire, la reconstruction de bâtiments endommagés, et la fourniture de médicaments aux personnes souffrant d’une maladie chronique.

Pour cette année 2022, le Jury était composé de Joana Hammour, représentante de "NAHNOO", lauréat 2021 du Prix, Elisabeth Longueness pour la "Fondation de France" et chargée du projet Solidarité-Liban, Youssef Dib, président de "Vivre Ensemble", Michel Helou, ancien directeur exécutif de L’Orient – Le Jour et secrétaire général du Bloc national, ainsi que Michel Ghazal, président de la Fondation Ghazal.

M. Ghazal a conclu en lançant un défi, peu commun, aux organisations lauréates des années précédentes et celles de cette neuvième édition: “Montez un projet ensemble!” Cela dans l’optique d’agir dans tout le Liban, un pays où les efforts de la société civile visent particulièrement à promouvoir une culture de paix qui fait gravement défaut, tant sur la scène locale qu’au niveau régional.