En fuite au Liban après sa condamnation dans l’affaire Karachi en juin 2020, Ziad Takieddine, a répondu pour la première fois les 11 et 12 novembre dernier à Beyrouth à deux juges qui enquêtent depuis mai sur ce qu’ils estiment être une " affaire d’une gravité majeure ", et à un procureur financiers parisiens. Il a raconté sa version de son revirement concernant les accusations de financement libyen visant Nicolas Sarkozy: il assure voir été " manipulé " et accable l’ancien président français.
Les magistrats soupçonnent M. Takieddine, d’avoir été rémunéré ou promis de l’être avec le possible accord de Nicolas Sarkozy, pour qu’il retire ses propos accusant l’ancien chef de l’État français d’avoir encaissé de l’argent de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle de 2007.
Dans un interrogatoire dont l’AFP a pris connaissance, il affirme " avoir voulu à l’époque donner sa vérité mais s’être retrouvé victime d’une manipulation ". Quelle est cette " vérité " ? Takiedine assure avoir " toujours dit la même chose, Sarkozy n’a pas touché un centime des Libyens pour sa campagne présidentielle de 2007 ". " Ni de moi, ni d’autre ", affirme-t-il.
" Vous a-t-on promis de l’argent en échange de vos déclarations en faveur de Nicolas Sarkozy ou contre les juges " ? " Non, ni promis ni payé ni demandé ", répond-il.
Le lendemain, il assure vouloir dire " toute la vérité " et corrige ses affirmations : " Je n’ai jamais dit que M. Sarkozy n’avait pas reçu d’argent, mais j’ai dit que M. Sarkozy n’avait pas reçu d’argent de moi personnellement. " M. Takieddine accuse ainsi l’ex-président français et d’autres.
L’enquête de la police a révélé des transferts d’argent de proches du dossier vers des proches de Ziad Takieddine au Liban qui pourraient constituer une rétribution de sa volte-face. L’intermédiaire confirme ces transferts, mais affirme que c’est un placement au Maroc et une protection contre le Hezbollah.