Le dossier ukrainien était au cœur des entretiens effectués par une délégation européenne actuellement en visite au Liban. Celle-ci, présidée par le député Franck Proust, et formée par des membres du parti Parti populaire européen (EPP), comprend des élus de Slovaquie, Belgique, Serbie, Croatie, Italie, Biélorussie, Allemagne, Chypre et Lettonie, venus spécialement à Beyrouth pour s’entretenir avec les responsables libanais afin d’élaborer un plan destiné à aider l’Ukraine face à l’invasion russe.

La délégation s’est donc rendue lundi au Grand Sérail, pour s’entretenir avec le Premier ministre Nagib Mikati, afin que " l’Europe puisse venir en aide aux Libanais, qui font face à des défis géopolitiques dus à la situation en Europe, notamment à cause du conflit en Ukraine et de ses répercussions sur le continent ", a expliqué Franck Proust au Premier ministre. " Ces répercussions ont commencé à se manifester sur le plan de la sécurité alimentaire au Liban ", indique-t-il. En effet, le Liban est actuellement inquiet pour son approvisionnement en blé, qui est majoritairement importé d’Ukraine, de Russie et de Roumanie.

Pour sa part, le Premier ministre a profité de l’occasion pour réitérer la position officielle de Beyrouth: " Le Liban tient à l’application de la loi internationale et de la charte de l’ONU. Par contre, il refuse les agressions qui portent atteinte à la souveraineté ou la sécurité de n’importe quel pays et estime que le conflit russo-ukrainien doit être résolu par la négociation et non par des choix politiques ", a souligné M. Mikati.

Par ailleurs, Franck Proust a assuré travailler sur " l’agenda politique du Liban qui comporte des échéances décisives, notamment celles des élections législatives prévues pour le 15 mai, les municipales reportées pour un an; la situation économique actuelle et les pourparlers en cours avec le FMI, qui font l’objet de certaines complications, empêchant le Liban d’obtenir des prêts supplémentaires à l’heure actuelle; ainsi que les relations tendues entre le Liban et les pays du Golfe ", a-t-il soulevé.

La délégation européenne a aussi entamé lundi des discussions avec le président de la République Michel Aoun au Palais de Baabda, sur les mêmes sujets abordés avec M. Mikati. Le chef de l’État a souligné cependant que " la situation actuelle en Europe impacte l’économie mondiale et par conséquent celle du Liban ". Il a mis en exergue l’importance que " l’économie libanaise devienne productive et parvienne à l’autosuffisance ". Plus encore, le président a assuré que les élections législatives et présidentielles auront lieu et s’est exprimé en faveur des mégacentres, malgré la réserve formulée par certains ministres.

En ce qui concerne les négociations avec le FMI, le chef de l’État a souligné que " le Liban a besoin de crédits financiers pour faire face à l’effondrement économique et à sa dette publique élevée ". " Nous négocions aujourd’hui avec le FMI afin d’avoir ces crédits ", a-t-il poursuivi, notant " la difficulté des conditions posées par le FMI pour mettre en œuvre ce plan ".