En visite à Rome, le président Michel Aoun a tenu des propos particulièrement complaisants à l’égard du Hezbollah, suscitant un tollé général et une vague d’indignation dans différents milieux locaux ainsi que sur les réseaux sociaux.  

 

De vives réactions ont été enregistrées mardi à la suite des propos particulièrement complaisants tenus par le président Michel Aoun à l’égard du Hezbollah, dans le cadre d’une interview exclusive accordée au journal italien La Repubblica, à l’occasion de sa visite au Vatican.

En réponse à la question du quotidien italien sur l’existence d’un État dans l’État au Liban, le président Aoun a pris sans détours la défense de la milice pro-iranienne. Il a totalement occulté à ce propos, entre autres et à titre d’exemples, l’assassinat de Rafic Hariri ainsi que l’entreprise de déstabilisation de l’État et les multiples agressions, dont notamment la longue occupation du centre-ville de Beyrouth en 2006, la guerre de  juillet 2006 qu’il a provoquée, l’agression du 7 mai 2008 contre le PSP et le courant du Futur, les agressions dans la localité de Lasa dans le jurd de Jbeil, l’assassinat de Lokman Slim, les agressions contre les opposants chiites, et l’agression contre le quartier de Aïn el-Remmané.

En réponse à une question, le président Aoun a estimé dans ce cadre que " le Hezbollah n’a aucune influence sur la situation sécuritaire des Libanais à l’intérieur " du pays. " Le parti qui a libéré le Liban-Sud de l’occupation israélienne est composé de Libanais qui ont souffert de l’occupation. La résistance à l’occupation n’est pas du terrorisme ", a-t-il insisté.

Ces propos ont suscité un tollé dans certains milieux politiques ainsi qu’une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Le député sortant Nadim Gemayel a notamment déclaré que " Michel Aoun n’a pas représenté le Liban au Vatican ". " Il ne nous a pas représenté, il a été le porte-voix d’une organisation terroriste ", a-t-il affirmé.

Le député démissionnaire Michel Moawad s’est déclaré " surpris " par les propos du président Aoun qu’il a stigmatisés. " Je suis étonné de voir un président de la République et ancien commandant en chef de l’armée tenir de tels propos, a déclaré Michel Moawad. Seul l’État est en mesure de protéger les Libanais, et en particulier les chrétiens. L’État est l’otage de l’hégémonie iranienne contre laquelle nous sommes déterminés à lutter ".

Pour sa part, l’ancien secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, a souligné que le fait que le président Aoun prenne la défense du Hezbollah à la fin de son mandat est une preuve que le président Aoun " est moins courageux que ses prédécesseurs ". S’adressant au chef de l’État, M. Souhaid a ajouté : " Le Hezbollah est terroriste et c’est une force d’occupation ".

Au niveau des réseaux sociaux, de nombreux internautes ont affirmé que " le président Aoun ne représente pas le Liban ".

La paix avec Israël

Pour en revenir à l’interview au quotidien italien, le président Aoun a déclaré, en réponse à une question : " Le Liban n’est pas un pays qui aime les guerres ". Cependant, " il existe des pans du Liban et de la Syrie qui sont toujours occupés ", a-t-il affirmé. " Lorsque nous parviendrons à leur libération, les problèmes liés à un conflit militaire n’existeront plus, a relevé le président Aoun. Un processus de négociations de paix avec Israël pourra être enclenché pour préserver les droits et la souveraineté nationale et libérer la terre et l’eau ", a-t-il ajouté.

Le chef de l’État a d’autre part indiqué qu’il sait que le pape François " lancera une initiative pour venir en aide au Liban ". À son avis, " l’Italie, qui fournit une assistance économique, est capable d’aider les parties libanaises à se réunir et à s’accorder sur une solution ".

Évoquant d’autres questions en rapport avec la situation locale, le président Aoun a affirmé être confiant que " la justice sera rendue " dans l’affaire de la double explosion au port de Beyrouth " d’autant que tout le peuple libanais la réclame ". Il a appelé à lever " tous les obstacles qui entravent sa réalisation ".

En conclusion, M. Aoun a observé que la mise en œuvre de la décentralisation administrative élargie contribuerait à une meilleure application de la Constitution libanaise.

Signalons enfin que le président Aoun a tenu une réunion avec son homologue italien Sergio Mattarella avec qui il a passé en revue les relations avec l’Italie – premier partenaire commercial du Liban. Le chef de l’État devait transmettre au président Mattarella une invitation à se rendre au Liban.