Cinq questions pour une révolution
Le soulèvement populaire du 17 octobre 2019 au Liban a suscité une série d’interrogations dont certaines sont restées sans réponses. Pour essayer de mieux cerner et comprendre ce mouvement de contestation, Ici Beyrouth a posé cinq questions différentes à un même groupe d’experts de secteurs variés. Nous lançons aujourd’hui la série :
1. Qui est à l’origine du mouvement du 17 octobre 2019 ?
C’est peut-être la question qui est la plus posée, notamment à l’approche des élections législatives, alors que des groupes issus du mouvement critique de la classe politique libanaise s’apprêtent à s’engager dans la bataille électorale. La réponse n’a rien de simple. Elle divise toujours l’opinion publique et fait l’objet d’un débat : ce mouvement, qui s’est constitué en réaction à la corruption de la classe politique et à la faillite du système financier, est-il issu de la société civile ? Est-il infiltré par les partis politiques ? Ces deux questions révèlent une ambiguïté qui perdure, quand bien même les analyses du phénomène se multiplient depuis fin 2019 sur les plateaux télé, les médias en ligne et les réseaux sociaux.
Quoi qu’il en soit, indépendamment de l’identité de ses protagonistes, ce mouvement tente, doucement mais sûrement, de se faire une place sur l’échiquier politique libanais.
Pour tenter d’apporter des éléments de réponse sur ses origines, nous nous sommes adressés à plusieurs experts, sous la forme d’un reportage vidéo à visionner ci-dessous.
Parmi eux, Antoine Courban, épistémologue et conseiller de la rédaction à Ici Beyrouth, qui a répondu hors-ligne. Il assure qu’il n’y a aucune confusion quant à " la nature de l’émergence de ce mouvement ". Il s’agit d’après lui " d’un phénomène de foule qui a déclenché la possession de l’espace public ". Cette foule, explique M. Courban, " est composée d’individus qui agissent à titre individuel ", ce qui fait que " le mouvement du 17 octobre est un mouvement de masse et non pas de groupe ". " Ce caractère individualiste détone de plus en plus aujourd’hui avec l’incapacité des acteurs de ce mouvement à se munir d’un vrai discours politique, ce qui, par la suite, les empêche d’évoluer ", analyse-t-il.