Le Washington Post a publié dimanche un article portant sur un rapport " sans précédent " des services de renseignement américain divulguant les efforts déployés par les Émirats arabes unis dans le but de " manipuler le système politique américain ".

Le Post affirme que " les activités couvertes par le rapport, décrites oralement au journal par trois personnes qui l’ont lu, comprennent des tentatives illégales et légales d’orienter la politique étrangère américaine de manière favorable aux EAU ".

Le conseiller émirati pour la sécurité nationale, cheikh Tahnoun ben Zayed al’Nahyane, reçu à Téhéran par le secrétaire du Conseil suprême iranien de la sécurité nationale, Ali Shamkhani.

 

 

Le rapport " révèle la tentative des Émirats arabes unis, couvrant plusieurs administrations américaines, d’exploiter les vulnérabilités de la gouvernance américaine, y compris sa dépendance à l’égard des contributions aux campagnes, sa sensibilité aux puissantes sociétés de lobbying et l’application laxiste des lois sur la divulgation destinées à se prémunir contre l’ingérence des gouvernements étrangers ", poursuit le Washington Post.

Espionnage

Le Post affirme aussi que " le rapport est remarquable en ce qu’il se concentre sur les opérations d’influence d’une nation amie plutôt que sur une puissance adverse comme la Russie, la Chine ou l’Iran. Il est également rare qu’un produit de renseignement américain examine de près les interactions impliquant des responsables américains étant donné son mandat de se concentrer sur les menaces étrangères ". Le journal souligne par ailleurs que les personnes ayant divulgué ces documents ont parlé chacun sous couvert d’anonymat pour discuter d’informations classifiées.

Le président Joe Biden lors de sa visite chez MBS à Jeddah en juillet dernier.

 

 

" L’un des exploits les plus effrontés a impliqué l’embauche de trois anciens responsables du renseignement et de l’armée américains pour aider les Émirats arabes unis à surveiller les dissidents, les politiciens, les journalistes et les entreprises américaines. Dans des documents juridiques publics, les procureurs américains ont déclaré que les hommes avaient aidé les Émirats arabes unis à s’introduire dans des ordinateurs aux États-Unis et dans d’autres pays. L’année dernière, tous les trois ont reconnu devant le tribunal avoir fourni une technologie de piratage sophistiquée aux Émirats arabes unis ", ajoute le Washington Post.

Le journal affirme en outre que " l’État du Golfe a également provoqué la colère des responsables américains. En effet, les instances de surveillance du ministère de la Défense ont déclaré que les Émirats arabes unis avaient peut-être financé le groupe Wagner, l’armée mercenaire russe proche du Kremlin ".

Les Émirats refusent de " choisir un camp "
Le " Bourj el Arab " à Dubai.

 

 

Lundi, un haut responsable émirati a affirmé que son pays souhaite rester à l’écart des rivalités qui opposent les grandes puissances malgré le partenariat stratégique entre les EAU et les États-Unis. " Nous n’allons en aucun cas sacrifier notre souveraineté ", a ajouté Anwar Gargash, conseiller diplomatique du président émirati Mohammed ben Zayed, lors d’une conférence organisée par le groupe de réflexion Emirates Policy Center à Abou Dhabi:

Les Émirats, comme les autres monarchies arabes du Golfe, maintiennent de bonnes relations économiques et politiques avec la Russie, malgré les sanctions que lui ont imposées les États-Unis et l’Union européenne.

" La sécurité et la prospérité des Émirats ne dépendent pas d’un ou de deux pays ", a encore affirmé M. Gargash, qui était ancien ministre d’État aux Affaires étrangères.

" MBZ " a fait des Émirats une puissance militaire régionale à travers l’acquisition d’armes américaines de haute technologie.

 

 

" Les relations commerciales sont de plus en plus dirigées vers l’Est alors que nos relations sécuritaires sont tournées vers l’Ouest ", a-t-il ajouté.

Les Émirats accueillent quelque 5.000 soldats américains sur leur plus grande base aérienne, Al Dhafra, située à 30 km au sud-ouest de la capitale Abou Dhabi. C’est la première base militaire du Moyen-Orient où le F-35 américain a été déployé en 2019.

 

Roger Barake, avec le Washington Post et l’AFP