Dimanche 20 novembre, Joe Bide fête ses 80 ans. C’est la première fois que les États-Unis sont dirigés par un président aussi âgé. Tout un symbole, d’autant que celui-ci compte bien se représenter en 2024, de quoi en faire douter certains.

Jamais encore un président américain en exercice n’avait soufflé 80 bougies: Joe Biden fête dimanche un anniversaire loin d’être seulement symbolique, surtout avec son intention, affichée, de se représenter en 2024.

La Maison-Blanche n’a jusqu’ici pas dévoilé de projet particulier de célébration, et prépare plutôt le mariage, samedi, d’une petite-fille de Joe Biden.

L’intéressé, lui, prend le parti d’en rire. " Je n’arrive même pas à dire quel âge je vais avoir ", a-t-il blagué sur la chaîne MSNBC. " Je n’arrive pas à sortir les mots de la bouche ".

 

Aux questions désormais insistantes sur son âge et sur le manque d’enthousiasme des Américains pour une nouvelle candidature, il répond immanquablement: " Regardez-moi " à l’oeuvre.

Or, pour qui le regarde, deux constats coïncident: Joe Biden accuse indéniablement ses 80 années, et il encaisse avec une résistance incontestable une charge exténuante.

Il y a un an, un bilan médical poussé n’avait trouvé que quelques maux bénins, concluant qu’il était " apte " à remplir sa fonction.

 

Cet homme longiligne ne fume pas, ne boit pas, fait du sport, et n’a pas eu de souci de santé majeur depuis une opération du cerveau en 1988.

Une étude publiée en 2020 par l’université de l’Illinois le classe même parmi les " champions du vieillissement ", ces personnes qui, pour des raisons socio-économiques, d’hygiène de vie et d’hérédité, vieillissent mieux que la moyenne. Les chercheurs lui attribuaient même une espérance de vie théorique de près de 97 ans…

Reste que désormais, Joe Biden fait son âge: ses cheveux sont plus rares, sa démarche plus raide.

 

Il s’en va souffler chaque weekend ou presque dans sa maison de famille; et sur certaines photos de famille internationales, avec d’autres dirigeants beaucoup plus jeunes tels que le président français Emmanuel Macron ou le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le président américain a des allures de patriarche.

Les statistiques sont implacables: avec le nombre des années augmente le risque de déclin cognitif, de maladie, ou de séquelles après un accident même bénin.

Les moments de confusion et les problèmes d’élocution de cet ancien bègue sont tous répertoriés. Les républicains en font leur miel, à coups de montages vidéo et tweets assassins.

 

Il y a quelques semaines, la Maison Blanche n’a pas réussi à expliquer pourquoi, pendant un discours, le président s’était adressé à une parlementaire défunte comme si elle était présente dans la salle, en demandant: " où est Jackie? "

Mais au-delà même de l’ambition personnelle de Joe Biden, une puissante dynamique politique pousse à une nouvelle candidature.

C’est en effet l’usage qu’un président américain se représente après un premier mandat. Comme par exemple Ronald Reagan, réélu en 1984 à l’âge de 73 ans, en dépit, déjà, de débats sur son âge.

La candidature d’un président en exercice " économise une primaire coûteuse et contentieuse ", analyse Rachel Bitecofer, stratège démocrate, et permet une campagne plus efficace.

Biden

Pourtant, dans les sondages, une nette majorité d’Américains rejette l’idée d’une nouvelle candidature.

Une campagne " Don’t run Joe "(" Ne te présente pas Joe ") a été lancée par une association représentant l’aile progressiste du parti démocrate, RootsAction, avec cet argument: " Un président n’est pas le roi de son parti et il n’a aucun droit automatique à la nomination ".

Et la question se pose aussi de la capacité d’un président né pendant la Seconde guerre mondiale à mobiliser en 2024 les jeunes électeurs, ce même s’il a pris des initiatives qui leur sont favorables, sur la marijuana ou le financement des études.

 

Mais qui d’autre pour porter les couleurs du parti démocrate en 2024?

La vice-présidente Kamala Harris est peu populaire, d’autres démocrates en vue tels que le ministre des Transports Pete Buttigieg sont jugés trop inexpérimentés.

" S’il y a une candidature concurrente à celle d’un président en exercice, c’est généralement une tête brûlée, une très forte personnalité (…). Le plus évident ce serait Bernie Sanders ", explique Robert Rowland, professeur de communication politique à l’université du Kansas.

Sauf que le sénateur socialiste du Vermont est lui-même " plus vieux que Biden ", à 81 ans.

Avec AFP