Les conflits et les crises abiment grandement la démocratie partout dans le monde. Pire, la moitié des pays démocratiques connaitraient un affaiblissement de leur système politique, selon un rapport d’un think-tank publié le 30 novembre.

La moitié des pays démocratiques connaissent une érosion de leur système politique, intensifiée par la guerre en Ukraine et la crise économique, selon un rapport publié mercredi le think-tank IDEA International, l’institut international pour la démocratie et l’assistance électorale.

" Nous voyons maintenant des facteurs extrêmement défavorables à la démocratie, qui sont intensifiés par les retombées de la crise économique enclenchée avec la pandémie et les conséquences économiques de la guerre en Ukraine ", a déclaré à l’AFP Kevin Casas-Zamora, secrétaire général de l’organisation basée en Suède.

Selon lui, ce déclin peut se traduire par exemple par une remise en cause de la crédibilité d’élections, par des atteintes à l’État de droit ou encore par des entraves à l’espace civique.

Les démocraties dont l’érosion démocratique est la plus grave, que le rapport catégorise comme pays " en recul " et qui incluent les États-Unis depuis l’année dernière, ainsi que le Brésil, la Hongrie, la Pologne, l’Inde et l’île Maurice, sont passés de six à sept en 2022 avec l’ajout du Salvador.

Pour Kevin Casas-Zamora, le cas des États-Unis est particulièrement inquiétant.

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" Nous constatons des courants contraires extraordinairement puissants contre la démocratie, qui sont maintenant intensifiés par les retombées politiques de la crise économique liées à la pandémie ainsi qu’aux conséquences (…) de la guerre en Ukraine " explique Kevin Casas-Zamora, secrétaire général de IDEA International (AFP)

 

Selon le rapport, le pays fait face à des problèmes de polarisation politique, de dysfonctionnements institutionnels et de menaces sur les libertés civiles.

" Il est maintenant clair que cette fièvre n’est pas redescendue avec l’élection d’un nouveau gouvernement ", estime Monsieur Casas-Zamora.

Selon lui, cela se traduit notamment par des niveaux incontrôlables de polarisation et des tentatives de " compromettre la crédibilité des résultats électoraux sans aucune preuve de fraude ".

Il estime que les États-Unis ont également fait " un pas en arrière visible " en matière de droits sexuels et reproductifs, " ce qui est très exceptionnel, car la plupart des pays (…), progressent en termes d’élargissement des droits sexuels et reproductifs ".

Sur les 173 pays couverts par le rapport, 52 des démocraties décomptées étaient en déclin.

En revanche, 27 pays se sont tournés vers l’autoritarisme, soit plus du double de ceux qui se sont tournés vers la démocratie.

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Presque la moitié des régimes autoritaires ont également intensifié leur répression en 2022, l’Afghanistan, le Bélarus, le Cambodge, les Comores et le Nicaragua ayant quant à eux connu un " déclin général ".

En Asie, où seulement 54% de la population vit dans une démocratie, l’autoritarisme se renforce, tandis que le continent africain reste " solide " face à l’instabilité, malgré le grand nombre de défis auxquels il doit faire face.

Dix ans après le Printemps Arabe, le Moyen-Orient continue quant à lui d’être " la région la plus autoritaire au monde " et ne compte que trois démocraties: l’Irak, l’Israël et le Liban.

En Europe, près de la moitié des démocraties du continent, soit 17 pays, ont souffert d’une érosion démocratique ces cinq dernières années.

" Les démocraties peinent à équilibrer efficacement des environnements marqués par l’instabilité, l’anxiété. Le populisme continue de gagner du terrain dans le monde alors que l’innovation et la croissance stagnent ou déclinent ", souligne le rapport.

Il note également des " tendances troublantes ", même dans des pays avec des niveaux moyens ou élevés de standards démocratiques.

Ces cinq dernières années, les progrès ont stagné dans tous les indices des études du think tank, certains revenants au même niveau que dans les années 90, selon le rapport.

" Les systèmes démocratiques ont vraiment dégringolé ces deux dernières décennies et cela est devenu une question brûlante à notre époque ", explique Monsieur Casas-Zamora.

Pourtant, il y a aussi des signes de progrès:

Le rapport indique ainsi que des populations se rassemblent pour pousser leur gouvernement à répondre aux demandes du 21e siècle, des droits de reproductifs en Amérique Latine aux protestations de la jeunesse pour le climat tout autour du globe.

" Mais aussi dans des pays comme l’Iran où les gens sont sortis dans la rue pour demander la liberté, l’égalité et la dignité ", ajoute Monsieur Casas-Zamoras.

" Il y a quelques lueurs d’espoir, mais la tendance générale reste sombre ".

Avec AFP