Le groupe paramilitaire russe Wagner a affirmé vendredi qu’il serait contraint de se retirer le 10 mai de la ville de Bakhmout. Invoquant un manque de munitions, l’organisation met en lumière des tensions avec l’armée régulière.

Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a menacé vendredi de retirer la semaine prochaine ses troupes de la ville de Bakhmout, l’épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, accusant l’état-major russe de le priver de munitions.

Laissant exploser sa colère dans plusieurs vidéos d’une rare virulence, l’homme d’affaires Evguéni Prigojine a aussi mis en cause le haut commandement pour les " dizaines de milliers " de Russes tués et blessés en Ukraine.

Un retrait de Wagner de Bakhmout, où cette organisation est en première ligne, laisserait l’armée russe en délicate posture, au moment où les Ukrainiens disent achever leurs préparatifs avant une grande offensive présentée comme imminente.

Signe qu’elles anticipent un prochain embrasement du front, les autorités installées par la Russie dans des zones qu’elle occupe dans le sud ont annoncé vendredi l’évacuation partielle de 18 localités sous leur contrôle.

Le chef de Wagner accuse depuis des mois l’état-major russe de ne pas fournir suffisamment de munitions à ses hommes pour les priver d’une victoire à Bakhmout qui ferait de l’ombre à l’armée régulière, laquelle a essuyé des revers l’an dernier.

Mais, dans trois vidéos diffusées vendredi par son service de presse, les attaques de M. Prigojine atteignent un niveau sans précédent, exposant les vives tensions qui existent au sein des forces de Moscou.

" Le 10 mai 2023, nous devrons transférer nos positions à Bakhmout aux unités du ministère de la Défense et retirer les éléments de Wagner vers l’arrière pour panser nos plaies ", y déclare-t-il.

M. Prigojine motive cette décision par son refus de laisser " (ses) gars, sans munitions, subir des pertes inutiles et injustifiées ".

Si ces déclarations prennent la forme d’une annonce, il pourrait en fait s’agir d’un ultimatum : le patron de Wagner est coutumier des déclarations à chaud et il lui arrive de faire machine arrière.

Dans une des vidéos, il accuse nommément le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de l’état-major Valéri Guérassimov d’être responsables de " dizaines de milliers de tués et de blessés " en Ukraine.

" Ils porteront la responsabilité de dizaines de milliers de tués et de blessés devant leurs mères et leurs enfants ", lâche-t-il.

De son côté, le ministère russe de la Défense a fait comme si de rien n’était dans son bulletin quotidien, évoquant laconiquement les " offensives " des hommes de ce groupe paramilitaire à Bakhmout, " appuyés " par " les unités aéroportées " de l’armée régulière.

Maissa Ben Fares, avec AFP.