Pour séduire l’électorat afro-américain, le président Joe Biden se rend dimanche au Morehouse College à Atlanta, dans l’État de Géorgie, l’université où a étudié Martin Luther King, icône du combat pour les droits civiques. Il risque toutefois de se confronter à des manifestations contre la guerre menée par Israël à Gaza.

Sa prise de parole dans cet établissement fera figure de face-à-face le plus frontal entre le président et des étudiants depuis la vague de manifestations propalestiniennes qui a déferlé sur les universités américaines. Les étudiants de Morehouse, une université historiquement afro-américaine, ont demandé à leur direction d’annuler le discours du démocrate, pointant du doigt son soutien à Israël, sujet de vives critiques en pleine année électorale.

"Il respectera les manifestations pacifiques. C’est à Morehouse de décider comment gérer cela et aller de l’avant ", a déclaré vendredi Karine Jean-Pierre, la porte-parole de la Maison Blanche. "Je pense que ce sera un discours émouvant. Je pense qu’il sera à la hauteur", a-t-elle ajouté, alors qu’un responsable de la Maison Blanche a récemment rencontré des étudiants et des membres de l’université pour aplanir les tensions, selon la chaîne américaine NBC.

En venant à Morehouse, Joe Biden veut rendre hommage au héros du mouvement des droits civiques qui y a fait ses études, mais les manifestants soulignent que Martin Luther King s’opposait à la guerre et notamment celle du Vietnam dans les années 1960.

Le président démocrate a d’abord gardé le silence sur les manifestations contre la guerre lancée par Israël à Gaza, avant de déclarer que "l’ordre doit prévaloir" sur les campus américains où la police est intervenue pour déloger des campements.

Sondages inquiétants

Cette forte opposition d’électeurs reflète les difficultés plus larges du démocrate à obtenir le soutien des électeurs noirs et des jeunes Américains, deux groupes qui l’ont aidé à vaincre son rival Donald Trump en 2020 et qui seront à nouveau déterminants cette année pour empêcher un retour du républicain à la Maison Blanche.

Selon un récent sondage New York Times/Siena, Donald Trump pourrait recueillir les voix de 20 % des Afro-Américains en novembre, environ le double de 2020. Ce serait un record pour un candidat républicain et un désaveu pour son adversaire démocrate.

Pour empêcher ce score, Joe Biden a fustigé vendredi "l’extrémisme" de son rival et de ses partisans qui "s’en prennent à la diversité, à l’équité et à l’inclusion à travers toute l’Amérique", lors d’un discours au Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines à Washington.

La veille, dans le Bureau ovale, il avait reçu des personnalités et des parents de plaignants dans l’affaire nommée "Brown v. Board of Education" (Brown contre le Bureau de l’éducation de Topeka), qui a donné lieu à un arrêt historique de la Cour suprême des États-Unis en 1954 interdisant la ségrégation scolaire, un tournant dans le mouvement des droits civiques aux États-Unis.

Le président américain doit continuer son périple de campagne dimanche à Détroit (nord-est) où il s’adressera à la principale association de défense des droits civiques du pays, la NAACP.

Andrew Caballero-Reynolds avec Danny Kemp à Washington, AFP