Suite à l’invasion de l’Ukraine, une vague de sentiments anti-russes monte en Europe, avec la multiplication des manifestations et initiatives de solidarité envers le peuple ukrainien. Les ressortissants russes en Europe pâtissent des agissements de Moscou, alors que les déclarations hostiles et vandalisme envers des magasins et zones d’habitations russes sont à noter, notamment en Europe centrale. La russophobie, déjà fortement présente dans les pays d’Europe centrale depuis l’URSS, a été renforcée par la guerre et l’arrivée des réfugiés ukrainiens, dans un amalgame complet entre peuple russe et régime politique. Pourtant, les Russes se mobilisent depuis des semaines pour protester contre les décisions de Moscou, entre manifestations réprimées dans le sang, activisme sur les réseaux sociaux et pétition recueillant plus d’un million de signatures. 

" Foutez le camp " : une vague de sentiments anti-russes monte en Europe après l’attaque contre l’Ukraine et des incidents sont signalés dans plusieurs pays, mais les accusations et insultes visent surtout le président Vladimir Poutine et non la nation russe.

Au célèbre restaurant russe " Skamiejka " de Varsovie, les courriels et les posts haineux, parfois illustrés de photos macabres, sont arrivés massivement depuis le début de la guerre, doublés d’appels téléphoniques anonymes invitant la personne qui répond à " foutre le camp ".

La patronne russe des lieux, Tamara Rochminska, depuis 41 ans en Pologne, a publié sur sa page Facebook – ornée du drapeau ukrainien – une déclaration invitant les interlocuteurs anonymes à s’abstenir, précisant que ses employés ukrainiens en étaient très affligés.

" Rappelez-vous, s’il vous plaît, que la Russie et les Russes, ce n’est pas la même chose que Poutine et ses velléités impérialistes ", ajoute-t-elle.

Cependant, lors de plusieurs manifestations contre la guerre en Ukraine à Varsovie, devant l’ambassade de Russie notamment, les journalistes de l’AFP ont observé surtout des slogans et des banderoles, souvent vulgaires, visant le président Poutine, fréquemment comparé à Hitler ou affublé de sa moustache.

Le dirigeant russe fait l’objet du même traitement en Allemagne, en Autriche ou en République tchèque, où fleurissent les slogans en anglais " Stop war, stop Putin " ou " Fuck Putin ".

En Allemagne, les médias ont recensé plusieurs incidents russophobes, mais de gravité limitée: en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), les vitres d’un magasin de produits russes ont été détruites et sa devanture recouverte de graffitis, un restaurant n’a pas voulu accueillir de clients exhibant un passeport russe dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest), et à Munich (sud), une femme médecin a refusé des patients russes.

Dans les deux derniers incidents, leurs protagonistes allemands ont fini par présenter des excuses.

L’ambassade de Russie a dénoncé sur sa page internet une " forte augmentation " d’incidents visant les citoyens russophones, et demandé aux personnes concernées d’entrer en contact avec ses services.

En République Tchèque, les médias ont rapporté des cas d’élèves russes insultés dans les écoles primaires et secondaires.

" Les Russes en Tchéquie vivent souvent ici parce qu’ils ne sont pas d’accord avec le régime de Poutine et ils ne devraient être victimes d’aucune agression ", a réagi le ministre tchèque de l’Intérieur Vit Rakusan.

Au rayon alimentaire, la célèbre " glace russe " – une glace à la vanille entourée par deux gaufrettes – a été renommée " glace ukrainienne " par la marque Prima.

Le climat est plus calme au Royaume-Uni, excepté la sortie d’un parlementaire conservateur, Roger Gale, qui a suggéré que tous les Russes devraient être expulsés du territoire national.

La situation est différente dans les pays baltes, annexés par l’URSS jusqu’en 1990, et en Géorgie, où la Russie est intervenue militairement en 2008, qui tous abritent des minorités russophones importantes.

En Géorgie, certains agents immobiliers refusent de louer des logements " aux agresseurs, Russes et Biélorusses ", des graffitis anti-russes sont apparus dans les rues et une pétition circule exigeant l’introduction de visas pour les Russes.

En Lituanie, si aucun incident grave n’a été signalé, la ministre de l’Intérieur Agne Bilotaite est allée mardi à la rencontre de la communauté russe du port de Klaïpeda, où un prêtre orthodoxe lui a dit que ses ouailles, surtout les personnes âgées ne parlant pas lituanien, " avaient peur ". " Des voisins ont commencé à attaquer des voisins, c’est horrible ", a-t-il dit.

Mme Bilotaite a déclaré que des manifestations de haine à l’égard de la communauté russe ne seraient pas tolérées.

En Estonie, l’association des propriétaires d’armes a proposé que les permis de port d’armes soient suspendus pour les résidents ayant le passeport russe, mais le ministère de l’Intérieur a rejeté cette idée, expliquant qu’une telle mesure ne serait justifiée que si la sécurité publique était menacée.

En Slovaquie, un grand mémorial de la Deuxième guerre mondiale, dit Slavin, a été repeint en bleu et en jaune, les couleurs du drapeau ukrainien. L’ambassade de Russie à Bratislava a dénoncé cet " acte de vandalisme ".

Pour le ministère slovaque des Affaires étrangères, ce geste n’était qu’un appel à mettre fin à " cette guerre absurde ", alors que la mairie de la capitale a indiqué que le monument allait être restauré rapidement.

Avec AFP

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