L’Iran a infligé, en l’espace de deux jours seulement, trois déconvenues à Israël et ses alliés – au premier chef desquels figurent les États-Unis – dans un élan de confiance qui semble être favorisé par la guerre en Ukraine. Sans oublier que Téhéran est la fidèle alliée de la Russie, une alliance forgée par l’intervention des deux pays en Syrie.

Sabotage déjoué à Fordo

À peine quelques jours après la suspension des négociations à Vienne pour relancer l’accord nucléaire de 2015, censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, l’Iran a déjoué une tentative de sabotage contre un important site nucléaire dans le centre du pays, a rapporté lundi un média officiel. Celui-ci affirme que des membres d’un " réseau " en contact avec des agents israéliens ont été arrêtés par les services de renseignement des Pasdaran. Ils avaient l’intention de saboter l’installation nucléaire de Fordo. Les Gardiens de la Révolution (armée idéologique de l’Iran) n’ont pas donné plus de détails sur l’identité ou le nombre des individus arrêtés.

" Des agents du renseignement sioniste "(Israël, NDLR) ont tenté d’approcher un employé de la section des centrifugeuses avancées de type IR-6 dans l’usine souterraine de Fordo en " recrutant " un de ses voisins, toujours selon Irna. L’agence indique que l’acte de sabotage devait avoir lieu " avant la fête du Norouz ", qui débute le 21 mars cette année, mais ne précise pas quand les arrestations ont eu lieu.  L’usine d’enrichissement de Fordo est située dans les profondeurs des montagnes à environ 180 km au sud de Téhéran. Début janvier 2021, l’Iran avait indiqué avoir amorcé le processus destiné à produire de l’uranium enrichi à 20% dans l’usine de Fordo, à rebours des engagements pris à Vienne en 2015 lors de la conclusion de l’accord international sur le nucléaire iranien. L’Iran a accusé ou soupçonné à plusieurs reprises Israël, ennemi juré de la République islamique, d’avoir saboté certaines de ses installations d’enrichissement d’uranium.  Il avait notamment attribué aux services secrets israéliens le sabotage en avril 2021 de son usine d’enrichissement d’uranium de Natanz ainsi que l’assassinat d’un scientifique iranien près de Téhéran en novembre 2020.

Roquettes et cyberattaques

Israël a déclaré lundi avoir subi une cyberattaque qui a perturbé un certain nombre de sites gouvernementaux. " Au cours des dernières heures, une attaque par déni de service (DDoS) a été identifiée sur un fournisseur de communication qui, par conséquent, a pendant une courte période empêchée l’accès à un certain nombre de sites, y compris des sites gouvernementaux ", a indiqué la direction nationale de cybersécurité. Il n’a pas précisé l’origine de cette attaque, qui consiste à saturer les serveurs de la victime en l’ensevelissant sous les requêtes.

Bien que l’accès au site du gouvernement israélien ait été rétabli à l’intérieur d’Israël, il était " injoignable à l’échelle internationale ", a affirmé l’organisation NetBlocks, spécialisée dans la surveillance de l’Internet dans le monde. Selon le quotidien Haaretz, une source au sein de l’industrie de défense du pays indique qu’il s’agit de la plus grande cyberattaque jamais lancée contre le pays. Le ministère des Communications a affirmé avoir mené une " évaluation de la situation avec les services d’urgence du ministère à la suite d’une cyberattaque généralisée sur les sites du gouvernement ".  Ces derniers mois, plusieurs sites israéliens ont été la cible d’attaques informatiques imputées par des experts à l’Iran, ennemi juré de l’État hébreu. De son côté, Téhéran a accusé récemment Washington et l’État hébreu d’une cyberattaque ayant perturbé son système de distribution de carburant. 
Dimanche, les Pasdarans ont – chose étonnante – revendiqué des tirs de missiles contre une cible au Kurdistan d’Irak présentée comme un " centre stratégique israélien ", mais les autorités locales kurdes ont nié l’existence de tels sites de l’État hébreu sur leur territoire. L’Iran se démarque sur le plan international par cette série d’initiatives audacieuses, alors que son économie et celle de son allié russe sont asphyxiées par les sanctions internationales.

Avec AFP