" Arrête-nous! ": le pape François a lancé mercredi une vibrante prière pour la paix, demandant " pardon " pour la mort et la violence en Ukraine tout en évoquant Caïn et Abel. " Seigneur Jésus, né sous les bombes de Kiev ", " mort dans les bras de la mère dans un bunker à Kharkiv ", " envoyé au front à 20 ans, aie pitié de nous! ", a lancé le souverain pontife, visiblement ému, en lisant la prière d’un évêque italien pour l’Ukraine à la fin de l’audience générale hebdomadaire au Vatican.  François a demandé pardon au nom des humains qui " continuent à boire le sang des morts déchirés par les armes " et dont les mains " créées pour protéger se sont transformées en instruments de mort. "

Le chef du 1,3 milliard de catholiques a également " supplié " Dieu d' "arrêter la main de Caïn ", demandant pardon " si nous continuons à tuer notre frère, si nous continuons comme Caïn à enlever les pierres de notre champ pour tuer Abel ", en référence au personnage biblique, fils aîné d’Adam et Eve, ayant tué son cadet.  " Et lorsque tu auras arrêté la main de Caïn, prends soin de lui aussi. Il est notre frère ", a-t-il poursuivi.  Pardonne-nous si (…) par notre douleur nous légitimons la brutalité de nos actes ", a encore déclaré le souverain pontife devant les milliers de fidèles réunis dans la salle Paul VI, dont certains tenaient des drapeaux ukrainiens.

Dimanche, le Saint-Père, qui a multiplié les appels à la paix depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février, avait appelé à " arrêter le massacre " dans le pays.

Entretien avec le patriarche russe Kirill

Les chefs des Eglises catholique et orthodoxe russe, le pape François et le patriarche Kirill, se sont entretenus mercredi du conflit en Ukraine et ont souhaité " une paix équitable ", selon un communiqué du patriarcat de Moscou. " Les parties ont souligné l’importance cruciale du processus de négociations en cours, exprimant l’espoir d’arriver rapidement à une paix équitable ", a indiqué le patriarcat.  Le pape et le patriarche ont évoqué avec " une attention particulière " les questions " humanitaires " et les mesures nécessaires pour " surmonter les conséquences " du conflit, a ajouté le patriarcat russe.

Depuis le début de l’offensive de Moscou le 24 février, les chefs des deux Eglises ont eu des attitudes foncièrement différentes.  Le pape François a multiplié les appels à la paix. Mercredi encore, lors d’une prière publique, il a demandé à Dieu pardon au nom des humains qui " continuent à boire le sang des morts déchirés par les armes ".

Allié du président russe Vladimir Poutine, le patriarche Kirill a, lui, justifié au contraire l’opération militaire lors d’un sermon le 27 février, y voyant un affrontement contre les " forces du mal " qui " combattent l’unité " historique entre la Russie et l’Ukraine.  Le 13 mars, il a également offert une icône au chef de la Garde Nationale russe (Rosgvardia), en espérant que cette image pieuse " inspire les jeunes combattants " de cette force militaire activement engagée en Ukraine.  Cette attitude a valu à Kirill des protestations d’une partie de son clergé en Ukraine. Le pays est divisé principalement entre deux Eglises orthodoxes, l’une indépendante et l’autre rattachée au Patriarcat de Moscou.

AFP