Les États-Unis se retrouvent dans l’impasse. L’optimisme des dernières semaines semble s’être dissipé, et Washington évoque à nouveau ouvertement la possibilité d’un échec des négociations pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien, menaçant l’Iran de recourir à un plan B aux contours encore vagues.
" Ni imminent ni certain "
Levée de boucliers républicains
Depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche l’an dernier, des négociations sont en cours pour sauver cet accord, en levant des sanctions américaines contre un retour iranien dans les clous du texte. Selon une source proche du dossier, Téhéran exige le retrait des Gardiens de la révolution – l’armée idéologique de la République islamique iranienne – de la liste noire américaine des " organisations terroristes étrangères ", et cette demande est l’un des tout derniers obstacles à un compromis. " C’est un point épineux ", a reconnu mardi le sénateur démocrate Tim Kaine, à l’issue d’une audition parlementaire à huis clos avec l’émissaire américain pour l’Iran Rob Malley. Fervent partisan d’une solution négociée, le sénateur démocrate Chris Murphy a estimé que maintenir les " Gardiens " sur cette liste noire n’avait " aucune conséquence pratique ", laissant entendre que Washington pouvait se permettre cette concession.
" Les informations qui nous parviennent de Vienne sont au mieux troublantes, et je suis sidéré par les concessions que le gouvernement est prêt à faire ", a au contraire réagi son collègue républicain Jim Risch, évoquant la levée de sanctions pour " 90 à 130 milliards de dollars " et l’annulation de la mise à l’index des Gardiens de la révolution. Car la droite américaine et Israël, hostiles à l’accord de 2015 et donc à sa renaissance, ont fait de cette dernière question une ligne rouge, mettant l’administration Biden dans un certain embarras. Sa fermeté des derniers jours vise-t-elle à éviter un procès en faiblesse à l’approche d’un accord?
Quoi qu’il en soit, comme fin 2021 lorsque les pourparlers semblaient – déjà – dans l’impasse, les Américains ont recommencé à brandir la menace d’options " alternatives ". " Le président Biden s’est engagé à ce que l’Iran, tant qu’il sera au pouvoir, ne soit pas autorisé à détenir une arme nucléaire ", " avec l’accord ou sans accord ", a martelé lundi Ned Price. " Nous nous sommes préparés à toutes les hypothèses, pour tous les scénarios ", y compris la mort de l’accord de 2015, a-t-il renchéri mardi, assurant que cela avait fait l’objet de discussions avec les alliés de Washington au Moyen-Orient et en Europe. Il s’est toutefois gardé de préciser les contours d’un tel plan B. À l’automne, le secrétaire d’Etat Antony Blinken avait prévenu que les Etats-Unis envisageaient " toutes les options " en cas d’échec diplomatique, sans exclure un recours à la force.
Avec AFP