Alors qu’elle ne jurait que par les importations d’hydrocarbures russes il y a peu, l’Allemagne veut désormais se couper de Moscou. S’il lui est plus facile de trouver de nouveaux fournisseurs de pétrole et de charbon, il reste compliqué de faire de même pour le gaz.

L’Allemagne a entamé une cure accélérée pour réduire sa forte dépendance aux ressources énergétiques de Moscou, après l’invasion de l’Ukraine, prévoyant de se passer du charbon russe dès cet automne, et de la quasi-totalité du pétrole en fin d’année. Le processus s’annonce plus lent en revanche pour le gaz.

" Les premières étapes importantes ont été franchies pour nous libérer de l’emprise des importations russes ", s’est félicité vendredi 25 mars le vice-chancelier et ministre de l’Economie Robert Habeck, lors d’une conférence de presse.

" D’ici au milieu de l’année, les importations de pétrole russe en Allemagne devraient avoir diminué de moitié. A la fin de l’année, nous visons une quasi-indépendance ", a détaillé son ministère dans un communiqué. " D’ici à l’automne " le pays pourra vivre dans une " quasi-indépendance " vis-à-vis du charbon russe, a-t-il ajouté. Pour le gaz, le pays vise une date plus tardive, à savoir " mi-2024 ".

La première économie de la zone euro importait avant la guerre un tiers de son pétrole, quelque 45 % de son charbon et 55 % de son gaz de Russie, selon les statistiques du gouvernement allemand.

L’Allemagne a axé, ces dernières décennies, sa stratégie énergétique sur des importations massives d’énergie russe, notamment en pensant que cette coopération aiderait à démocratiser le pays. Un constat d’échec. Avec l’invasion de l’Ukraine, Berlin est contraint d’effectuer une impressionnante volte-face et n’a plus qu’une seule idée en tête : l’indépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.

" Ces dernières semaines, nous avons déployé des efforts intenses avec tous les acteurs concernés pour importer moins d’énergie fossile de Russie ", selon ministère de l’Economie. Berlin notamment fait pression sur les entreprises acheteuses pour qu’elles " laissent expirer les contrats avec les fournisseurs russes, ne les renouvellent pas et se tournent vers d’autres fournisseurs ".

Si cette stratégie paraît relativement aisée sur les marchés pétroliers et du charbon, un changement de fournisseur de gaz est plus compliqué, car il faut modifier les infrastructures de transports. L’Allemagne importe, en effet, actuellement son gaz de Russie grâce à un réseau de pipelines développé – qui aurait dû encore s’élargir avec le gazoduc Nord Stream II, finalement suspendu.

Pour changer de fournisseurs, le gouvernement doit donc construire de nouveaux pipelines, un processus lent, fastidieux et coûteux, ou importer du gaz liquide depuis l’océan. C’est ce qu’a choisi Berlin : le gouvernement a débloqué 1,5 milliard d’euros début mars pour des achats massifs de gaz liquéfiés provenant de producteurs diversifiés.

Le ministre de l’Economie, Robert Habeck, du parti écologiste, a visité ces derniers jours plusieurs fournisseurs gaziers, notamment le Qatar, où il a signé en début de semaine un accord de livraison de long terme.

Grâce à cette stratégie, l’Allemagne a déjà réussi à réduire ses importations de gaz russe ces dernières semaines, qui ne représentent plus que 40%, quinze point de moins qu’avant la guerre. Mais le pays n’a pour l’instant pas de terminal pour acheminer ce gaz et dépend en conséquence des infrastructures situées chez ses voisins européens, ce qui lui coûte plus cher.

Trois terminaux méthaniers flottants, des immenses bateaux permettant de réceptionner le gaz liquides sur les côtes, doivent donc être réservés par les sociétés Uniper et RWE, à la demande du gouvernement.

Plusieurs autres projets de terminaux méthaniers, terrestres cette fois-ci, vont également être accélérés par le gouvernement, dans des villes du nord de l’Allemagne, à Stade, Wlhemshaven et Brunsbuttel. Mais leur ouverture n’est attendue qu’en 2026. Et, le gaz liquéfié ne suffira pas pour remplacer les importations russes, prévient le gouvernement.

Berlin compte par ailleurs sur le " développement des énergies renouvelables ", la " réduction systématique de la consommation, et la " montée en puissance rapide de l’hydrogène " pour se passer de cette ressource. " Il reste encore du chemin à parcourir et nous ne parviendrons à nous passer du gaz russe qu’au prix d’un effort collectif ", a averti le ministère.

Avec AFP

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