Pas moins de seize attaques aux drones et aux missiles ont ébranlé vendredi l’Arabie saoudite, visant des infrastructures pétrolières et civiles. La milice houthie du Yémen, financée et armée par l’Iran, a revendiqué les raids qui interviennent à la veille du septième anniversaire de l’intervention saoudienne dans la guerre au Yémen. Ce n’est pas la première attaque houthie contre le royaume wahhabite, mais probablement la plus importante en nombres d’engins lancés et en ampleur des dégâts causés, surtout à Jeddah où un immense incendie a noirci le ciel. Les attaques interviennent en pleine crise mondiale de l’énergie provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine. Les cours du brut ont atteint des sommets alors que Ryad refuse toujours une augmentation de la production en raison de ses engagements envers l’Opep+ dont la Russie en fait partie. Pire, les attaques ont contraint la société nationale Aramco à réduire la production, ce qui pourra flamber davantage le prix du pétrole sur les marchés mondiaux.
Il est survenu non loin du circuit de Formule 1 où se tiennent actuellement les essais libres du Grand Prix, prévu dimanche. Le promoteur du championnat Formula 1 a déjà indiqué que la course se poursuivrait " comme prévu ".
Les attaques, menées avec des missiles et des drones, ont été lancées depuis les villes de Sanaa, la capitale du Yémen aux mains des insurgés, et de Hodeida, également en zone rebelle.
Les Etats-Unis les ont qualifiées d' "inacceptables ". " Nous continuerons à travailler avec nos partenaires saoudiens pour renforcer leurs systèmes de défense tout en œuvrant à une solution durable mettant fin au conflit " au Yémen, a affirmé la porte-parole du département d’Etat, Jalina Porter.
En visant des installations pétrolières, les Houthis tentent de " toucher le nerf de l’économie mondiale ", a affirmé M. Maliki. Les prix du pétrole ont fortement augmenté depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février qui a perturbé les approvisionnements mondiaux, la Russie étant frappée par des sanctions occidentales.
Le royaume saoudien, premier exportateur de brut au monde, avait déjà averti lundi du risque d’une baisse de sa production de pétrole au lendemain de plusieurs attaques revendiquées par les Houthis. Un responsable du ministère saoudien de l’Energie, cité par l’agence officielle SPA, a de nouveau mis en garde vendredi contre la menace que représentent ces attaques " pour la sécurité de l’approvisionnement mondial en pétrole ". " L’Arabie saoudite n’assumera pas la responsabilité de toute pénurie d’approvisionnement en pétrole sur les marchés mondiaux ", a ajouté le responsable saoudien en accusant l’Iran de " continuer à fournir des drones et des missiles " aux Houthis.
Dimanche, l’une des attaques avait contraint Aramco à réduire " temporairement " sa production et à puiser dans ses stocks pour compenser.
Les pays occidentaux pressent depuis le début de la crise ukrainienne l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menée par l’Arabie saoudite, d’augmenter sa production.
La monarchie du Golfe est cependant restée sourde à ces appels, fidèle à ses engagements auprès de l’alliance Opep+, qui inclut la Russie, deuxième plus grand exportateur de brut au monde.
Sept ans après les premières frappes le 26 mars 2015 au Yémen, l’intervention militaire pilotée par Ryad a montré ses limites sur le terrain et accentué l’une des pires crises humanitaires au monde. Elle a permis de stopper l’avancée des Houthis dans le Sud et l’Est, mais pas de les déloger du nord du pays, notamment de la capitale Sanaa.
Selon l’ONU, le conflit a causé la mort de près de 380.000 personnes, dont une majorité de décès liés à la faim, aux maladies et au manque d’eau potable. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe six pétromonarchies arabes et est dominé par l’Arabie saoudite, a indiqué mi-mars être prêt à organiser des pourparlers de paix avec les Houthis, mais ces derniers ont refusé d’y participer s’ils se tenaient à Ryad. La coalition a affirmé vendredi " faire preuve de retenue " pour donner une chance aux pourparlers.
Avec AFP