Venger le " Moskva "

La Russie a affirmé jusqu’à présent que le croiseur Moskva avait été la proie mercredi, la veille de son naufrage, d’un incendie et d’explosions de ses propres munitions.
Elle a par ailleurs annoncé jeudi que l’Ukraine avait bombardé des villages russes frontaliers, en particulier avec des hélicoptères de combat.
Kiev l’a démenti et accusé en retour les services secrets russes de mener des " attaques terroristes " de l’autre côté de la frontière.
" Nous sommes parfaitement conscients que l’on ne nous pardonnera pas " la destruction du Moskva et donc ce coup porté aux " ambitions impériales " de Moscou, a ajouté Natalia Goumeniouk.
" Nous sommes conscients que les attaques contre nous vont s’intensifier, que l’ennemi va se venger, qu’il y aura des attaques de missiles et des bombardements d’artillerie ", a-t-elle poursuivi, signalant des frappes dans le sud, en particulier dans la ville de Mykolaïv, proche d’Odessa.
La perte du Moskva est importante car il " assurait la couverture aérienne des autres vaisseaux pendant leurs opérations, notamment le bombardement de la côte et les manoeuvres de débarquement ", a à ce sujet expliqué le porte-parole de l’administration militaire régionale d’Odessa Sergueï Bratchouk.
La menace nucléaire
Dans ce contexte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé vendredi que " le monde entier " devait être " inquiet " du risque que son homologue russe Vladimir Poutine, acculé par ses revers militaires en Ukraine, ait recours à une arme nucléaire tactique.
La Russie donne le ton à Kiev
" Le nombre et l’ampleur des frappes de missiles sur des sites de Kiev vont augmenter en réplique à toutes les attaques de type terroriste et aux sabotages effectués en territoire russe par le régime nationaliste de Kiev ", avait averti le ministère russe de la Défense.
Dans la nuit, c’est une usine d’armement de la région de Kiev qui a été atteinte par une frappe russe, ont constaté vendredi des journalistes de l’AFP sur place.
L’usine Vizar fabrique les missiles anti-navires Neptune, avec lesquels les Ukrainiens disent avoir tiré sur le Moskva.
Un de ses ateliers et un immeuble administratif la jouxtant, situés dans la localité de Vychnevé, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale ukrainienne, ont été gravement endommagés, a vu l’AFP. Une cinquantaine de véhicules garés sur le parking à proximité ont eu leurs vitres soufflées.
Les Russes ont procédé à trois frappes ce vendredi sur la région de Kiev, a noté son gouverneur, Alexandre Pavliouk, sans préciser si cela incluait celle sur l’usine de Vychnevé.

Des civils ciblés à Kharkiv
A Boutcha, 95% des personnes ont été tuées par balle
A Boutcha, une localité proche de Kiev devenue le symbole des atrocités imputées aux forces russes, 95 % des personnes retrouvées mortes ont été tuées par balle, a dénoncé vendredi le chef de la police de la région de la capitale Andriï Nebitov.
" Pendant l’occupation (russe), les personnes étaient abattues dans les rues (…) Au XXIᵉ siècle, il est impossible de cacher de tels crimes ".
Des gendarmes français sont sur place pour travailler aux côtés d’enquêteurs ukrainiens à une procédure d’examen et d’identification des corps.
Selon le maire de Boutcha, Anatoli Fedorouk, plus de 400 cadavres, au total y ont été découverts depuis le retrait des troupes russes.

Une poche de résistance tient toujours à Marioupol
Dans la plus grande région du Donbass, celle de Donetsk, où " des combats se déroulent sur toute la ligne de front ", trois personnes ont été tuées et sept blessées, a déclaré la présidence ukrainienne.
L’autre région de ce bassin minier, celle de Lougansk, a quant à elle été le théâtre de 24 bombardements qui ont fait deux morts et deux blessés, selon la même source.
Galina Vassilieva, 78 ans, y montrait du doigt un immeuble de neuf étages totalement incendié. " Les gens sont calcinés à l’intérieur ", raconte cette retraitée en faisant la queue devant un camion de séparatistes prorusses distribuant de l’aide humanitaire.
Aujourd’hui, après plus de quarante jours, les combats sont limités à la vaste zone industrielle proche du bord de mer, les forces russes et les rebelles de Donetsk ayant graduellement resserré leur étau.

" La guerre est partout ", a déploré vendredi dans un entretien avec la Rai, la radiotélévision publique italienne, le pape François, qui avait demandé en vain une trêve pascale en Ukraine.
Un ministre allemand appelle à " énerver Poutine "
Mais l’Allemagne n’envisage pas de pouvoir se passer de gaz russe avant mi-2024 et redoute d’être contrainte à un rationnement de l’approvisionnement en gaz du secteur