Lucas Hernandez forfait, son frère Théo se trouve propulsé comme latéral gauche numéro un des Bleus au Mondial, avec des qualités offensives indéniables et, aussi, des relâchements défensifs parfois coupables, sans que Didier Deschamps n’ait d’alternative évidente.

Les champions du monde en titre ont perdu leur " guerrier " Lucas, fauché par une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit dans les toutes premières minutes contre l’Australie (4-1), mardi en entame du tournoi au Qatar.

Son cadet Théo a pris le relais d’entrée avec aplomb, se muant en passeur décisif pour l’égalisation à 1-1, mais le rêve est brisé pour les deux inséparables frangins. Sans cette vilaine blessure, ils seraient entrés dans l’histoire comme la première fratrie française à jouer côte à côte en Coupe du monde (Lucien Laurent a joué le " Mundial " en 1930, son frère Jean était remplaçant).

Avec l’un, ou avec l’autre, l’équipe de France ne présente pas du tout le même visage. " On a tous les deux cette hargne de gagner. Après, lui, c’est un joueur beaucoup plus offensif que moi, qui suis beaucoup plus défensif. Nous sommes deux joueurs évoluant au même poste, mais complètement différents ", a résumé Lucas la semaine dernière dans un entretien à l’AFP.

Le contraste a été saisissant, mardi, et l’opposition face aux " Socceroos " a permis de montrer en une rencontre ce que la France a gagné et perdu dans ce changement contraint, mais désormais durable.

Théo droit au but

Avant sa sortie, le joueur du Bayern Munich s’est montré présent dans les duels et concentré sur ses tâches défensives. A l’inverse, la " mobylette " Théo, comme il est surnommé, s’est porté vers l’avant avec une multitude de centres, un dépassement de fonction permanent… et une passe en retrait, complètement ratée dans l’axe (22e), qui aurait pu faire très mal aux Bleus.

Le défenseur de 25 ans, né à Marseille, n’apporte pas les mêmes garanties défensives que l’aîné des Hernandez, mais un danger ofensif largement supérieur. Mardi, Théo a réussi une cinquième passe décisive en huit sélections (un but), un rendement égal à celui affiché à l’AC Milan depuis son arrivée en 2019, avec 20 buts et 19 passes décisives en 111 matches de Série A.

Son profil colle parfaitement à l’ancien système tactique de Deschamps, plus offensif, avec trois défenseurs axiaux épaulés par deux joueurs de couloir – des " pistons " comme lui – amenés à faire la navette entre l’arrière-garde et la ligne d’attaque.

Il s’accommode peut-être moins avec l’option d’une défense à quatre, celle choisie par le sélectionneur au Mondial. Mais le boss des Bleus n’a pas énormément d’autres options possibles.

Bricolage

" Je trouverai d’autres solutions par rapport à Lucas ", a-t-il néanmoins promis mardi après le match. " Si on veut être tranquille à tous les postes, il faudrait prendre 33 joueurs! Théo est là, il y aura ensuite d’autres alternatives ", a-t-il assuré, un brin irrité.

Lesquelles? Dans son groupe de 24 joueurs désormais, il ne compte aucun autre latéral de formation, ni défenseur gaucher, deux cases cochées par exemple par Lucas Digne et Ferland Mendy, non sélectionnés. A l’Euro en 2021, la blessure des deux Lucas, Hernandez et Digne, avait contraint Deschamps à faire redescendre Adrien Rabiot d’un cran, dans un rôle inhabituel d’arrière gauche.

Retenter pareil coup au Qatar n’est pas sans risque. Cela revient à priver le jeune milieu de terrain des Bleus, orphelin des grands blessés Paul Pogba et N’Golo Kanté, d’un élément stabilisateur, décisif par ailleurs mardi pour renverser une partie bien mal engagée (un but, une passe décisive).

Pour ménager Théo, dès le coup d’envoi ou en cours de match, d’autres options sont possibles: utiliser le milieu Eduardo Camavinga, gaucher, faire basculer Benjamin Pavard à gauche en laissant le flanc droit à Jules Koundé (ou l’inverse), décaler un des nombreux défenseurs centraux, ou revenir à l’ancien système avec, en pistons, Kingsley Coman ou Ousmane Dembélé par exemple. Le prochain adversaire, samedi, ne se prête pas aux expérimentations. En 2022, le Danemark a battu deux fois les Bleus en l’espace de quatre mois: 2-1 début juin à Saint-Denis, 2-0 fin septembre à Copenhague.

AFP