Le sport, Manon Oueiss est tombée dedans quand elle était toute petite. Skieuse de haut niveau, elle affiche à 21 ans un palmarès déjà impressionnant. La jeune championne poursuit actuellement des études de droit en France, où elle travaille aussi et s’apprête à défendre les couleurs du Liban aux Jeux olympiques de Pékin.

Ici Beyrouth: Depuis quand pratiquez-vous le ski ?

Manon Oueiss: Je pratique le ski depuis l’âge de 3 ans grâce à mes parents qui m’ont encouragée à me lancer dans ce sport. Très vite, j’ai pris goût à la compétition. J’ai adoré non seulement le ski en soi,  technique, vitesse et compétition, mais également pour le cadre enchanteur qui lui sert de support, à savoir, les montagnes enneigées et la beauté de la nature environnante.

Manon Oueiss, en pleine action.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours sportif et vos meilleures performances ?

J’ai été médaillée d’argent aux championnats asiatiques de ski alpin en 2016, médaillée d’argent et de bronze à la Coupe SES (Small Evolving Ski Nations Cup) en 2017 et trois fois médaillée d’or à la Coupe SES en 2021. En 2021, j’ai remporté six médailles d’or sur les six courses disputées dans le cadre des championnats du Liban aux Cèdres. J’ai en outre représenté le Liban aux championnats du monde juniors de la Fédération internationale de ski (FIS) à Davos (Suisse), en 2018, ainsi qu’aux championnats du monde FIS à Åre (Suède) en 2019, et à Cortina d’Ampezzo (Italie) en 2021.

Comment avez-vous été sélectionnée pour les JO de Pékin ?

Pour être sélectionné pour les JO de Pékin, deux critères sont retenus: national d’abord, qui implique l’obligation d’être lauréat du championnat général du Liban; international ensuite, qui exige une moyenne de cinq courses en dessous de 160 points (en ski, moins on a de points, mieux on est classé). Le vrai challenge pour moi était de respecter les critères imposés par le Comité international olympique. Ils ont mis des références de sélections professionnelles rigoureuses, qui empêchent toute dérive des fédérations nationales, sinon n’importe quelle fédération de n’importe quel pays peut envoyer un athlète en disant que c’est le meilleur de son pays alors qu’il ne sait même pas skier. Donc, ma qualification aux JO constitue en soi une formidable victoire personnelle.

La jeune Libanaise (21 ans), poursuit actuellement des études de droit en France.
La jeune Libanaise (21 ans), poursuit actuellement des études de droit en France.

Quel est le rythme de vos entraînements ?

Depuis mon enfance je m’entraîne, tous les week-ends pendant la saison de neige qui est plutôt courte au Liban, entre 3 et 4 mois, ce qui fait un total de 30 jours par an à peu près, en comptant quelques stages d’ici et de-là. Un volume nettement en dessous de celui de mes adversaires potentiels aux Jeux olympiques.

Je suis licenciée à la section Ski du Racing Club de France à Paris, et j’ai intégré depuis septembre 2020 la structure "Orsatus Ski Racing" basée à Brides-les Bains en Savoie. Il y a beaucoup d’émulation avec des sportifs de très haut niveau. J’ai entamé mon entraînement en été en faisant des stages aux Deux Alpes, ensuite j’ai enchaîné avec des stages en Suède au mois de novembre, puis je me suis installée en Savoie pendant deux mois de suite afin de m’entraîner au mieux pour les JO.

Quelles sont les chances libanaises de décrocher une médaille ?

La trentaine de jours dont je vous ai parlé explique en grande partie que les chances libanaises de décrocher une médaille sont très faibles. Et puis au Liban, les contraintes sont multiples. D’abord, le ski n’est pas ancré dans les montagnes en été comme dans les pays d’Europe, notamment en Autriche. Il n’y a pas beaucoup de moyens de la part de l’État pour aider les skieurs au Liban. Les contraintes existent également du point de vue technique, la saison est très courte, on n’a pas de pistes très raides comme en Europe, avec de la neige injectée où la préparation est top. On ne peut pas se consacrer à 100% au ski, car il faut également s’occuper de la logistique dans la mesure où on prépare son propre voyage. Il faut aussi s’occuper de toute la paperasse qu’il y a autour.

De plus, on n’a pas d’équipe nationale avec laquelle on peut s’entraîner. Toute l’année, il faut que chacun s’entraîne de son côté. Tout ceci pèse lourd en termes d’investissement financier et émotionnel.

Un mot sur la Fédération et son appui aux sportif ?

Belle transition! Je dirais que la contrainte est surtout financière. La Fédération libanaise de ski nous soutient beaucoup sur le plan moral et sur le plan du suivi sportif. En revanche, on n’est absolument pas financés. En gros, on ne reçoit rien. Il faut tout payer de notre propre poche, à moins d’avoir des parents fortunés, ce qui est rarement le cas. Du coup, on se retrouve handicapé dans notre évolution, dans le sens où l’on dépense de l’énergie et du temps pour s’entraîner, travailler et étudier, le tout simultanément. C’est extrêmement fatigant et stressant.

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