Dans le sport, le dopage est une pratique consistant à recourir à des substances chimiques ou des procédés médicaux de nature à accroître artificiellement la performance physique et mentale d’un sportif. Ce phénomène a fait l’objet d’une pléthore de scandales aussi bien à l’international qu’au Liban.

Menés par les États et l’Agence mondiale antidopage (AMA), les efforts pour la lutte contre le dopage se sont intensifiés au cours des dernières années. Ce fléau gangrène aussi bien le sport masculin que féminin.

Le Comité international olympique livre sa définition: "Le dopage consiste à administrer des substances appartenant à des classes interdites d’agents pharmacologiques et/ou utiliser diverses méthodes interdites". Phénomène ancien, le dopage s’est développé au cours du XXe siècle du fait de la course permanente aux records, et sous la pression d’enjeux financiers de plus en plus importants dans le sport professionnel. Sur la même période, les avancées scientifiques, particulièrement en matière de médecine sportive, ont complexifié cette pratique largement assimilée à une forme de tricherie et non dénuée de risques pour la santé des athlètes.

Quelques cas retentissants à l’international

Plusieurs athlètes de renommée internationale ont été pris dans les mailles du filet des contrôles antidopage. Aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988, le sprinteur canadien Ben Johnson, qui venait de pulvériser le record du monde du 100 mètres de l’époque, en 9 secondes et 79 centièmes, a été contrôlé positif à l’issue de l’épreuve. Il a ainsi été déchu de sa médaille d’or et a été interdit de pratiquer son sport dans les compétitions internationales pour une période de deux ans, avec de surcroît, bien évidemment, la non-homologation de son temps record.

Autre grand champion, également associé au dopage: le cycliste américain Lance Armstrong. Ses 7 titres de vainqueur du tour de France lui ont été retirés, après la confirmation de ses pratiques de triche en termes de dopage. Après sa condamnation, Armstrong avait lancé sa célèbre phrase: "Il est impossible de gagner le tour de France sans prendre des produits dopants."

L’AMA continue à jouer un rôle très actif dans la lutte contre ce fléau, qui a notamment été à l’origine de vives tensions entre la Russie et les États-Unis, depuis le temps de la guerre froide. À noter qu’à la suite de pratiques de dopage organisés et confirmés, la Russie a été suspendue en 2020 pour deux ans de toute compétition internationale. La suspension inclut donc les derniers Jeux Olympiques de Tokyo et les actuels Jeux de Pékin. Si des sportifs russes non sanctionnés pour dopage ont pris part à ces jeux, ils y ont toutefois participé sous le statut d’athlètes neutres. La délégation russe a été nommée Russian Olympic Committe (ROC) au lieu de Russie, et l’hymne national russe, censé célébrer chaque médaille d’or russe, a été remplacé par un concerto pour piano du compositeur russe Tchaïkovski! Ce n’est pas cher payé…

Le Liban et le dopage

En novembre 2020, le Liban devient le 191e pays à ratifier la Convention internationale de l’Unesco contre le dopage dans le sport, établie en 1989. Avant cette date, 190 pays avaient déjà signé cet accord, ce qui prouve combien la lutte contre le dopage est un combat sérieux à l’échelle internationale. À noter également la création, à l’échelle locale, d’un comité national pour la lutte contre le dopage, qui compte parmi ses rangs des représentants des ministères de la Jeunesse et des Sports, de la Justice, de la Santé et des Affaires étrangères.

Le sportif libanais le plus connu à avoir été contrôlé positif pour dopage est probablement le basketteur Élie Mechantaf. En 2003, la Fédération internationale de basket-ball (FIBA) avait alerté la Fédération libanaise de la suspension de Mechantaf pour dix-huit mois, après son test positif à la suite d’un match du Championnat d’Asie de basket-ball. Mechantaf s’était défendu bec et ongles contre cette suspension que la FIBA avait réduit à douze mois après les explications fournies par Mechantaf, qui reviendra ensuite, non sans brio, sur le terrain.

Plusieurs autres athlètes évoluant dans le sport libanais ont également été contrôlés positifs pour dopage, à l’instar en 2006 des basketteurs Tony Madison, Keneth Saterfield et Prince McGroder. D’autres sportifs libanais ont également été condamnés, avec des peines allant jusqu’à huit années de suspension.

Antoine Chartier, un pionnier au Liban dans la lutte contre le dopage

Ici Beyrouth est allé à la rencontre du docteur Jihad Haddad, un personnage qui a une influence majeure au sein du comité libanais de lutte contre le dopage (il est affilié au comité olympique) sur ce sujet délicat. Jihad Haddad rappelle que "l’ex-président de Mont La Salle, le défunt Antoine Chartier (il avait également été président de la fédération de basket et du comité olympique, NDLR) était le premier à avoir organisé une conférence sur le thème de la lutte contre le dopage en 1996, en présence du président du comité médical olympique, Patrick Chammas". "En 1999, lors de son mandat à la tête de la Fédération de basket, Chartier a signé un accord sur ce sujet avec la fédération française", ajoute-t-il.

Il insiste aussi sur le fait que "l’application pratique de cette lutte contre cette tare a ensuite été mise en place au cours des douze années de mandat de Souhail Khoury à la tête du comité Olympique libanais, avec, depuis, la généralisation des contrôles antidopage au cours des compétitions qui se déroulent sur le sol libanais". Haddad souligne, en outre, qu’une fois le prélèvement effectué, l’échantillon est envoyé au Qatar, le coût du test étant élevé et avoisinant les 100 dollars.

Également interrogé par Ici Beyrouth, Wissam Saadé, membre du comité de la lutte contre le dopage pour l’Asie et l’Océanie, a souligné que "depuis quelques années, il y a eu une prise de conscience importante des athlètes au sujet de la dangerosité du dopage. Les sanctions à la suite d’un contrôle positif peuvent aller jusqu’à une suspension à vie". Il indique, en outre, que "deux Libanais sont dans le comité d’Asie de l’Ouest pour la lutte contre le dopage. Il s’agit de Charbel Kareh et Georges Hammam. C’est la première fois que des Libanais occupent de telles fonctions dans l’organisation".

Pour conclure, il est important que la prise de conscience face aux dangers du dopage progresse au Liban. Cela peut se faire notamment par davantage de communication et de colloques à ce sujet auprès des sportifs dans les écoles, les universités et les clubs. Le besoin de continuer de lutter contre le dopage dans le milieu sportif demeure réel et important. En fait, le dopage devient de plus en plus sophistiqué et les jeunes athlètes ont accès plus facilement aux substances interdites. Pourra-t-on un jour " éradiquer " ce fléau? C’est bien là le véritable enjeu.