Plus fort que le vent et la fougue de son cadet de 17 ans Carlos Alcaraz, Rafael Nadal a remporté son 20e match d’affilée en 2022 pour se hisser en finale du Masters 1000 d’Indian Wells, où l’attend le surprenant Américain Taylor Fritz.

Pour préserver son invincibilité, l’Espagnol N.4 mondial, recordman du nombre de Grands Chelems remportés (21) depuis son sacre à l’Open d’Australie, fin janvier, a dû se mettre en mode guerrier ultime, face à son talentueux compatriote voué à devenir son successeur tôt ou tard. Mais pas tout de suite.  Car Nadal, qui a trouvé face à lui un adversaire d’un tout autre calibre que celui qu’il avait corrigé à Madrid l’an passé (6-1, 6-2) pour leur première confrontation, n’a pas du tout l’intention de passer le moindre flambeau.

Et il l’a prouvé en s’imposant 6-4, 4-6, 6-3 en 3h12, au terme d’un très gros combat, dont l’issue a été d’autant plus incertaine, que le vent violent et tourbillonnant a longtemps perturbé les débats. " C’était un match très difficile. Carlos a un niveau très élevé. Il a tous les atouts, la jeunesse, le physique. J’ai abordé la rencontre comme si je jouais contre l’un des meilleurs du monde, ce qui est la réalité ", lui a rendu hommage Nadal.

Cette opposition entre le maître et l’élève, tant attendue par l’Espagne du tennis, décidément très gâtée, a d’abord vu Nadal, plus agressif, empocher le premier set en ayant tout de même gaspillé au passage 14 balles de breaks sur 17 (!).

Rafales de vent

La seconde manche, durant laquelle les deux hommes, terriblement gênés au service, ont été empoisonnés par le vent devenu " fou-fou ", faisant voler serviettes et papiers sur le court, a souri à Alcaraz dont la combativité a été tout aussi remarquable.

Au troisième set, le jeu a pu monter en intensité, offrant aux 16.000 spectateurs de nombreux points spectaculaires, comme ce rallye, durant lequel Alcaraz a sprinté dans tous les sens, ponctué d’une superbe volée réflexe de Nadal, pour sauver une balle de break.

A 4-3 en sa faveur, le Majorquin s’est alors fait brièvement manipuler par un kiné au niveau du pectoral gauche et du dos. Et parce qu’il sait faire ça presque mieux que personne, après avoir été à la rupture, il a sorti le grand jeu.

Les " Rafales " n’étaient plus celles du vent mais bien celles de Nadal, au désarroi d’Alcaraz, qui ne s’en est jamais remis. " Je pensais pouvoir gagner dans le troisième set. J’ai eu des opportunités de breaker. Tant de points que j’ai presque gagné… mais il m’a battu dans ces moments précis. Rafa a mille vies ", a commenté le vaincu en conférence de presse.

Phalanges taillées

" Rafa ", qu’on avait cru perdu pour le tennis l’an passé après une blessure au pied gauche qui continue de le faire souffrir, a une énième fois démontré à quel point il est inoxydable et assoiffé de victoires.

Dimanche, il tentera de soulever une 4e fois le trophée dans le désert californien après 2007, 2009 et 2013. Il égalerait alors Novak Djokovic au nombre de Masters 1000 gagnés (37). Il aura pour rival un néophyte en finale d’une compétition de cette catégorie, l’étonnant Taylor Fritz (20e) qui a écarté 7-5, 6-4 Andrey Rublev (7e), pourtant favori.

Agé de 24 ans, Fritz, demi-finaliste du tournoi l’an passé, a été récompensé pour son approche offensive. " J’ai vraiment voulu jouer agressif, donner le ton dès le début match. Andrey a bien mieux joué au second set, mais je suis parvenu à m’accrocher jusqu’à saisir ma chance ", a-t-il résumé. Il a ainsi remporté son bras de fer avec Rublev, qui a commis trop d’erreurs pour espérer une autre issue. Et ce ne sont pas ses violents coups de poing sur le cordage de sa raquette, provoquant des entailles sur les phalanges, qui y ont changé grand-chose.

Fin de série donc pour le Russe qui restait sur deux victoires à Marseille puis Doha et a concédé là sa première défaite en 14 matches. Premier Américain, depuis John Isner en 2012, à atteindre la finale à Indian Wells, Fritz peut lui devenir le premier de son pays à y triompher depuis Andre Agassi en 2001.

Ce qui constituerait une victoire autrement plus prestigieuse que son seul titre, remporté sur le gazon d’Eastbourne en 2019.

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