Qu’on soit pour ou contre la politique monétaire suivie dans le pays, il est clair que la Banque du Liban est le seul organe de l’État à agir pour maintenir le citoyen ordinaire sous respiration artificielle. Sayrafa, sa plateforme de change, représente son dispositif d’oxygénation de la population sur le plan financier. Entretemps, l’Exécutif demeure aux abonnés absents, se cantonnant à un déni stupéfiant.

La décision de la Banque du Liban (BDL) de suspendre l’accès à sa plateforme de change Sayrafa aux compagnies et de fixer le plafond des transactions autorisées pour chaque particulier à cent millions de livres à partir de lundi matin, a suffi pour que le cours du dollar face à la livre s’envole. Le taux de change du dollar a franchi lundi dans la matinée la barre des 46 000 LL pour se stabiliser en début de soirée à 45 500 LL. Cette hausse du billet vert s’est accompagnée d’une déception parmi des clients de banques, du fait que certains d’entre eux ont été invités à se présenter aux comptoirs pour retirer les livres libanaises déposées en cash la semaine dernière, mais dépassant le plafond de 100 millions de LL, et supposées être converties en dollars frais.

Les objectifs de Sayrafa

Pour recadrer la situation du marché de change, il est utile de rappeler que Sayrafa, la plateforme de change de la Banque du Liban (BDL), a été créée en vertu de la circulaire 157 pour permettre, d’une part, aux fonctionnaires du secteur public de maintenir un tant soit peu leur pouvoir d’achat et, d’autre part, de maintenir une accalmie, même aléatoire, sur le marché de change. Force est de relever que la BDL reste l’acteur principal sur le marché de change parallèle car elle détient tout simplement la plus grosse masse de livres libanaises. Ultérieurement, l’accès à Sayrafa a été autorisé à tous les individus et compagnies détenant des livres libanaises en cash et souhaitant les échanger contre des billets verts.

Aujourd’hui, l’expérience sur le terrain a montré qu’il y a eu un usage abusif de la part des commerçants, qui importent des marchandises avec des dollars subventionnés grâce à Sayrafa alors qu’ils affichent leurs prix à la consommation sur base du taux du dollar sur le marché parallèle. Cela sans compter que la plupart d’entre eux, sinon la majorité, ont ouvert des comptes bancaires à l’étranger où ils déposent la partie de dollars frais subventionnés qui n’ont pas été utilisés pour les opérations d’importation.

Reste à souligner qu’il est quasiment impossible que le taux de change de la monnaie nationale demeure inchangé alors que le PIB du Liban est passé de près de 50 milliards de dollars à environ 18 milliards de dollars.

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