L’entreprise de médiation culturelle et de promotion d’artistes ELFAN, fondée en France par notre collaboratrice Fabienne Touma, a organisé à Paris une table ronde portant sur les différentes œuvres d’art urbain (Street Art) apparues à Beyrouth dans le sillage du mouvement de contestation d’octobre 2019. La table ronde a été suivie d’un riche débat avec plusieurs des artistes en question.

C’est une table ronde et un débat qui sortent des sentiers battus qui ont été organisés à Paris par l’entreprise de médiation culturelle et de promotion d’artistes ELFAN – fondée récemment en France par notre collaboratrice Fabienne Touma – en collaboration avec FLUCTUART, le premier musée flottant de Paris. Thème de cette table ronde et de ce débat: les œuvres d’art urbain (Street Art) qui ont émergé dans le centre de Beyrouth dans le sillage du mouvement de contestation d’octobre 2019.

Le but fixé dans le cadre de cette table ronde était d’engager une réflexion commune afin de comprendre comment et sur quelles bases un événement politique d’une telle envergure a pu influencer et avoir un impact sur le Street Art beyrouthin. La question qui a été posée était de déterminer si ces œuvres d’art urbain avaient été de vrais messages de révolte ou le fruit de la performance d’artistes qui ont simplement mis à profit l’opportunité qui leur était offerte de s’exprimer librement sur les places publiques.

De fait, il est apparu lors de ce vaste soulèvement populaire qu’un nombre important d’artistes spécialisés ou non dans le Street Art ont eu recours à cette pratique pour exprimer leurs sentiments à l’occasion des manifestations organisées à l’époque, fin 2019, dans les rues de Beyrouth. Le documentaire de Salim Saab " Le cèdre d’octobre " illustre bien ce phénomène. La table ronde a d’ailleurs débuté par la projection d’un extrait dédié au Street Art.

Les principales œuvres d’Art urbain (Street Art) ont fait l’objet d’une discussion entre les artistes et le public

Le témoignage des artistes

Lors de ces manifestations, plusieurs slogans et symboles – tels que, entre autres, le Phoenix, le "Joker" ou le visage d’un manifestant – ont été dessinés, dans les rues et places publiques. Les artistes Ivan Debs, Ashekman, Ghaleb Hawila et Hady Baydoun ont notamment parlé de ces symboles pour expliquer leur signification qui reflète en quelque sorte, d’une certaine façon, l’histoire du Liban de manière générale et le contexte précis de la révolte d’octobre 2019.

Marie Joe Ayoub et "Eps" ont évoqué de leur côté une réappropriation de Beyrouth en dessinant dans des lieux publics mais aussi privés auxquels les Libanais n’avaient pas nécessairement accès, comme le Grand théâtre de la Place Riad Solh ou "L’œuf", structure en forme d’œuf – précisément – construite avant le début de la guerre et qui était destinée (elle n’a jamais été inaugurée) à être une salle de spectacle. Les dessins exprimés sur ces lieux et édifices publics étaient une façon de "montrer à la classe politique que Beyrouth et le Liban, en général, appartiennent au peuple".

Une vue partielle de l’assistance nombreuse qui a participé au débat

Profiter de la révolte pour peindre

Nombre d’artistes ont ainsi conçu leur œuvre de Street Art comme un "véritable message de révolte". Selim Mawad, quant à lui, a soutenu le second volet des performances en question en mettant en relief l’afflux impressionnant d’artistes "urbains" et d’artistes d’autres styles apparus dans les rues de la capitale pour exposer simplement une œuvre de leur crue, plus que pour faire passer un message à caractère politique. Il s’est dit lui-même entraîné par ce phénomène, expliquant qu’il a profité de la révolte pour peindre.

L’artiste "Kabrit" s’est employé de son côté à expliquer comment les Libanais sont arrivés à exprimer un Street art aussi engagé. Il a évoqué sur ce plan l’évolution de cet art urbain, exposant comment il se présentait avant, pendant et après la révolte. Il a conclu son intervention en parlant de l’avenir du Street art au Liban.

La table ronde, qui a duré environ une heure et demie, a été suivie d’un riche débat avec le public. L’intervention d’artistes français a permis en outre un échange intéressant entre les artistes urbains libanais et français.

L’événement, qui a rassemblé une centaine de personnes en présentiel et qui a été couronné par un buffet proposé par un traiteur libanais " à la libanaise " (@alalibanaisefr sur Instagram), a été diffusé en direct sur l’Instagram de l’organisateur, @elfan.byft, qui a déjà mis en chantier d’autres projets à caractère artistique.

Le public a participé activement au débat qui a suivi la table ronde