Rebelle, avant-gardiste et muse pour de nombreuses générations de femmes, Rita Lee incarnait la royauté du rock brésilien, tout en explorant les horizons du mouvement tropicaliste. Cependant, elle se plaisait davantage à être surnommée la Sainte Patronne de la Liberté.

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La légendaire chanteuse et compositrice brésilienne, Rita Lee, s’est éteinte lundi soir dans sa résidence de, a annoncé sa famille mardi sur les réseaux sociaux. Atteinte d’un cancer du poumon depuis 2011, elle était mondialement connue pour son tube Lança Perfume (1980). La veillée funèbre se tiendra mercredi au planétarium du parc Ibirapuera, véritable poumon vert de la mégalopole brésilienne.

Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a salué la mémoire de l’une des figures " les plus emblématiques et novatrices de la musique brésilienne ", la décrivant comme " en avance sur son temps ". La ministre de la Culture, Margareth Menezes, a quant à elle souligné son caractère révolutionnaire lors d’une audience au Sénat, où elle a demandé une minute de silence en son honneur.

Joao Lee, l’un de ses trois fils, a rendu un vibrant hommage à sa mère sur Instagram, évoquant une vie intense et spectaculaire, et affirmant que son art perdurera pour toujours.

Née le 31 décembre 1947 à São Paulo, Rita Lee Jones a débuté sa carrière en reprenant des chansons des Beatles et d’autres artistes anglo-saxons avec le groupe féminin Teenage Singers. Cependant, c’est avec le trio de rock psychédélique Os Mutantes, formé en 1966, qu’elle s’est révélée au grand public, lors de l’apogée du tropicalisme, un mouvement artistique libertaire qui a bouleversé la musique brésilienne durant la dictature militaire (1964-1985).

Aux côtés de Caetano Veloso et Gilberto Gil, leaders du tropicalisme, Rita Lee a exploré son identité musicale brésilienne. Dans le documentaire Ovelha Negra (brebis noire) réalisé en 2007 par son compagnon de vie et collaborateur artistique, Roberto de Carvalho, elle expliquait comment ces artistes l’ont initiée à la musique brésilienne.

Après avoir quitté Os Mutantes en 1972 pour rejoindre le groupe Tutti Frutti, Rita Lee s’est principalement consacrée à sa carrière solo. Ses tenues audacieuses et ses chansons abordant sans tabou l’amour, le sexe et la liberté, ont fait d’elle une icône féministe.

Parmi ses succès majeurs figurent Ovelha Negra (1975), Mania de você (1979) et Amor e sexo (2003). Sa chevelure flamboyante et ses lunettes aux verres colorés sont également devenus sa signature visuelle.

Collaborant avec des artistes de tous horizons, Rita Lee a notamment enregistré un duo avec le père de la Bossa Nova, Joao Gilberto, intitulé Joujoux et Balangandans. Elle a publié plus de 30 albums et a été nommée 7 fois aux Grammy Latino, décrochant en 2001 le prix du meilleur album de rock brésilien pour " 3001 ".

L’artiste emblématique, ayant entretenu des relations étroites avec les légendaires groupes de rock des années 60, a marqué l’histoire en inaugurant le tout premier concert des Rolling Stones au Brésil en 1995. Elle a également rendu hommage aux Beatles avec un album de reprises en version Bossa Nova en 2001.

Après une carrière prolifique, elle a pris congé de la scène musicale en 2012, à l’âge de 64 ans, évoquant une " fragilité physique ". Depuis lors, elle menait une vie recluse dans sa résidence champêtre située dans l’État de São Paulo, en compagnie de son époux et de ses animaux, qui constituaient une autre de ses passions ardentes.

Les ultimes clichés publiés sur ses réseaux sociaux la dépeignaient avec une coupe courte et des pulls hauts en couleur. Conformément à son esprit insoumis, elle confiait en 2022 à l’édition brésilienne du magazine Rolling Stone : " Je préfère qu’on me surnomme Sainte Patronne de la Liberté plutôt que Reine du Rock, qui, selon moi, est désuet ".

Avec AFP