Aussitôt que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah avait annoncé disposer de drones et de missiles intelligents disponibles à la vente, les avions israéliens ne se sont pas fait attendre pour mener l’un de leurs raids routiniers sur une des banlieues de Damas, sans pour autant susciter une réponse de l’axe obstructionniste ("moumanaa").

Les " appel d’offres " pour la " vente " de drones ne peuvent dissuader, en effet, "l’ennemi sioniste ou le grand Satan américain". On devrait donc chercher ailleurs le véritable objectif de cet "appel d’offres". Et pour cause : comment expliquer autrement l’absence de riposte à l’assassinat du général Kassem Souleimani ainsi qu’aux attaques menées par Israël contre les cibles iraniennes navales, sans compter les assassinats de scientifiques iraniens impliqués dans le nucléaire ou aussi le sabotage des installations nucléaires au fin fond de l’Iran ?

Pour quelles raisons cet "ennemi" ne s’inquiète pas du risque d’exposer ses bases militaires aux représailles et aux attaques punitives des missiles de précision et de longue portée iraniens ?

Il est donc évident qu’Israël n’est pas inquiété outre mesure par "l’appel d’offres" de Nasrallah, et ne le sera pas. En effet, Israël n’accorde aucun poids à ces menaces de riposte en cas d’attaque contre l’axe iranien et ses mercenaires, que ce soit en Iran ou au Liban.

Il semble clair que l’Iran et son bras armé au Liban se contentent de lancer des guerres psychologiques contre Israël, laissant penser que de telles guerres sont suffisantes à l’heure actuelle. Il est certain que ce n’est pas la force de dissuasion dont Nasrallah s’enorgueillit et pour laquelle il exprime sa gratitude à son fournisseur, le wali el-Faqih, qui freine " l’ennemi ". Ni le fait que l’Iran mobiliserait ses troupes, ses armes de pointe et son arsenal nucléaire en vue de tenir sa promesse d’éradiquer l’entité sioniste s’il lui venait à l’esprit d’attaquer le Liban et lui couper la route vers son accès à la mer Méditerranée, comme promis dans plus d’une déclaration.

La vérité est tout autre et se résume au fait que Nasrallah et son commanditaire iranien savent pertinemment que la guerre rhétorique est la seule guerre permise. Ils savent également que le temps des équipées est révolu puisqu’ils ne sont pas en mesure d’en assumer les conséquences.

Il est certain que toute guerre israélienne contre le Liban, nonobstant ses retombées catastrophiques, fera exploser l’assise populaire du Hezbollah, qui ne peut endurer davantage. Toutes les tentatives de jouer sur la fibre communautaire sont désuètes, à l’instar de la diffusion de vidéos dans les écoles idéologiques pour sacraliser les symboles religieux iraniens, du haut des cimes où les troupes guerrières bravent la neige…Toutes ces tentatives constituent des appels pour se redresser et ne pas flancher, ainsi que des menaces adressées aux Libanais qui se permettent de s’opposer à l’occupation iranienne.

L’assise populaire du Hezbollah n’est plus en mesure de faire face à la pauvreté et au besoin. Par conséquent, elle ne supportera pas non plus d’être déplacée sous le poids d’une offensive israélienne qui entraînerait l’éclatement du parti et de son axe iranien, le mettant ainsi à nu et sans défense avec ses missiles et ses défilés qui ne serviraient que pour accroître l’excès de pouvoir au plan interne.

Cette réalité bien connue du Hezbollah est peut-être la raison pour laquelle le secrétaire général adjoint du parti Naïm Kassem cherche à attirer l’attention de son public en s’adressant à ceux sur lesquels il peut compter pour leur rappeler qu’"ils ne vont pas changer leur fusil d’épaule et qu’ils ne peuvent pas donner aux adversaires du parti leur voix lors des élections…même s’ils sont en colère ou s’ils ont des reproches à faire".

Et d’ajouter que "les prétextes pour s’abstenir de prendre part au scrutin ne sont pas recevables". "Tous les reproches pouvant irriter certaines personnes peuvent être dits aux concernés et des solutions pourraient être trouvées, a-t-il précisé. Cependant, l’abstention rend service aux adversaires et aux ennemis".

Cheikh Kassem n’omet pas de diaboliser les "groupes de la société civile, ceux qui sont soumis à l’ambassade américaine et qui se mobilisent toujours contre le Hezbollah".

Les campagnes préventives et continues de cheikh Kassem pour exhorter son public à voter pour la résistance ne  signifient pas pour autant que les élections auront lieu à la date prévue, à en juger par toutes les manigances qui se trament pour les torpiller. Néanmoins, ces campagnes visent certainement à garder les Libanais dans les rangs, que ce soit les spectateurs des démonstrations de force, applaudissant aux défilés et missiles intelligents, ou les nouveaux partisans ralliés par crainte d’être liquidés pour s’être opposés à celui qui les prive de sécurité, de sûreté, de leur pain quotidien, qui leur vend des châteaux en Espagne avec des slogans creux, tels que "la fierté et la dignité" et les victoires illusoires.

En fait, pour le Hezbollah, les Libanais ne doivent pas prendre la peine de se pencher sur les études, les chiffres, le savoir et la logique pour faire face aux crises ou se pencher sur un dossier. Il serait honteux de les voir réclamer l’électricité 24/24, sans se soucier du manque à gagner que subiront les dévots suite à la perte des marchés du fuel, des navires d’approvisionnement turcs, du gaz, de sa liquéfaction et de sa gazéification, des centrales de Deir Ammar, de Selaata, de Zahrani, de l’exploration pétrolière et de l’abandon des frontières maritimes en échange d’un quitus à l’allié de l’accord de Mar Mikhael.

Leur mission se limite à danser sur le tempo dicté par le porte-parole du wali el-faqih. D’ailleurs, sur ce point précis, les citoyens n’auront plus le droit de protester s’ils traduisent les recommandations de Naïm Kassem dans les urnes. Auquel cas, ils ne récolteront que ce qu’ils auront semé. Une mauvaise récolte en somme, avec plus de monstres et d’hydres qui émergeront pour les contrôler, les plaçant à la merci de tout courtier prêt à vendre tous les interdits possibles, armes et stupéfiants notamment, à ceux qui se conforment aux critères du cahier des charges des appels d’offres de l’axe iranien.