Une nouvelle production d’Aïda de Verdi à Londres, trois reprises d’opéras à Paris et une autre à San Francisco : difficile d’échapper à Robert Carsen, probablement le metteur en scène d’opéras le plus prolifique au monde.

Le Canadien de 68 ans, auteur de plusieurs dizaines de productions depuis une trentaine d’années, ne se cantonne pas au monde lyrique : également scénographe d’expositions et éclairagiste, il monte fin novembre une nouvelle production de la comédie musicale " Cabaret " pour la réouverture du Lido2Paris.

À l’Opéra Bastille, sa version de " La Flûte enchantée " de Mozart (jusqu’au 19 novembre), a croisé " Les Capulet et les Montaigu " de Bellini qu’il a créés il y a 26 ans. En septembre, sa version d’"Orphée et Eurydice " de Gluck était reprise au Théâtre des Champs-Élysées, tandis que le San Francisco Opera remontait son " Eugène Onéguine " de Tchaïkovski. En janvier, il reprend à l’Opéra de Rouen sa version du " Songe d’une nuit d’été " de Benjamin Britten, suivie de son " Jenufa " de Janaceck à Séville. Puis il revient à l’Opéra de Paris pour une nouvelle production d’" Ariodante " de Haendel.

Comment fait-il ? " Les apparences sont trompeuses, je ne cours pas d’une maison d’opéra à une autre ", sourit-il, lors d’un entretien. S’il se déplace parfois pour superviser des reprises, il dit compter sur " des assistants extraordinaires pour remonter ces œuvres ". " Cela n’a rien à voir avec moi puisque ces productions appartiennent à ces maisons d’opéra qui parfois les programment au même moment ".

Que ses mises en scène soient applaudies ou non – son " Aïda " au Royal Opera House, située dans un État totalitaire au lieu de l’Égypte antique, a laissé la critique dubitative – elles semblent avoir en commun pour la plupart de parler au public.

Son travail est souvent décrit comme lisible et stylisé (tombes ouvertes sur une pelouse verte dans La Flûte, beau jeu de miroirs dans Rusalka, contraste de couleurs de costumes dans de nombreuses productions), contrairement à d’autres metteurs en scène jugés plus radicaux, voire extravagants. Des remarques auxquelles il ne semble pas trop goûter.

" Quand on raconte une histoire, l’important n’est pas juste qu’elle soit cohérente ou intelligente, mais qu’elle crée un monde intense d’émotions ", dit-il. " Je ne pense pas en termes de belles productions conçues pour plaire aux touristes (…) ou pour épater les bourgeois ", souligne-t-il, précisant que " l’opéra ne devrait pas être un art complaisant, mais plutôt qu’il stimule les spectateurs ".

Sans provocation toutefois. " Provoquer, c’est facile. Le but est qu’on regarde l’œuvre comme si c’était la première fois… ça crée une connexion avec le public ". Une connexion qu’il a connue dès sa plus tendre enfance, lorsque ses parents – son père était mécène – l’emmenaient dès ses sept ans à la Canadian Opera Company à Toronto. " J’adorais y aller parce que ça me permettait de ne pas me coucher très tôt ", plaisante-t-il.

" Mais j’ai découvert dès l’âge de dix ans que ça me plaisait ; j’étais fasciné par le fait d’aller à l’école le jour " et de découvrir " le monde de l’opéra la nuit ", ajoute-t-il. Il a voulu être acteur, suivant des études au Canada avant de rejoindre la Bristol Old Vic Theatre School en Grande-Bretagne. " Puis un jour, un prof m’a dit +tu es fait pour être metteur en scène+ ".

Il espère toucher le public avec " Cabaret ", présenté pour la première fois en France dans sa version originale en anglais. L’action se déroule dans une boîte de nuit berlinoise lors des années 1930. " Ça évoque la montée du fascisme, ça nous parle jusqu’à nos jours ", dit-il.

AFP

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