Le Prix Mare Nostrum, qui bénéficie du soutien de la Fédération Nationale des Caisses d’Épargne, et de la Caisse d’Épargne du Languedoc-Roussillon, récompense aujourd’hui, pour sa deuxième édition, quatre lauréats dans quatre catégories : Roman méditerranéen, Premier roman, Histoire et Géopolitique, Philosophie et Spiritualité. La cérémonie de remise du Prix se tient à 12h, au sein du siège de la Fédération Nationale des Caisses d’Épargne, 5 rue Masseran, Paris 7e, avec un parterre de personnalités et d’intellectuels éclectiques.

Fondée à l’automne 2020 à Perpignan afin de promouvoir le patrimoine culturel et littéraire méditerranéen, l’association " Mare Nostrum – Une Méditerranée autrement " est composée de bénévoles passionnés et engagés. Le fondateur de cette association est Jean-Jacques Bedu, écrivain, essayiste et Secrétaire Général du Prix.
" La première édition du Prix Mare Nostrum a été riche en enseignements, en particulier dans la section essai, qu’il nous a paru impératif de diviser en deux catégories : “Histoire et Géopolitique” et “Philosophie et Spiritualité.” Mais dès nos premières sélections 2022, un problème nous est immédiatement apparu dans la section roman. Beaucoup d’ouvrages entraient en compétition, et en particulier les premiers romans qui risquaient d’être éliminés par des auteurs plus confirmés. La solution a été trouvée par l’une de nos jurées, Bélinda Ibrahim, cheffe du service Culture du média Ici Beyrouth, avec lequel nous sommes partenaires. Grâce à elle, le Prix roman a été divisé en deux catégories : Romans méditerranéens et Premier roman, nantis d’exactement la même dotation. Chacun des jurys est composé de lecteurs, d’écrivains et d’universitaires. Ils sont renouvelés chaque année. Le prix est doté d’une enveloppe de 12 000 €, répartie en parts égales entre les quatre lauréats. Si un ouvrage primé est une traduction, la dotation sera de 2 300 € pour l’auteur et 700 € pour le traducteur ", explique Éliane Bedu, Présidente du Prix Mare Nostrum.

 

Les quatre lauréats du Prix Mare Nostrum qui seront récompensés aujourd’hui

 

Dans la section " Roman Méditerranéen " – Anaïs Llobet pour " Au Café de la ville perdue " aux Éditions de l’Observatoire

" Anaïs Llobet est journaliste. Ayant grandi en Europe et en Amérique latine, diplômée de l’École de journalisme de Science-po, elle a été en poste à Moscou pendant cinq ans durant lesquels elle a effectué plusieurs séjours en Tchétchénie, où elle a couvert notamment la persécution d’homosexuels par le pouvoir local. Elle en a tiré un magnifique roman, " Les hommes couleur de ciel ". Désormais en poste à Chypre, elle nous fait désormais découvrir la petite ville de Varosha qui fut l’objet d’une tragédie. Cité balnéaire florissante, aux plages idylliques l’île était, en effet, l’un des fleurons touristiques méditerranéens jusqu’à ce que l’armée turque envahisse les lieux, obligeant les Chypriotes grecs à fuir en laissant tout derrière eux. C’est là, sur cette terre chypriote divisée en deux depuis 1974, comme le fut un peu plus tôt la Palestine, qu’Anaïs Llobet fait naître son récit qui démarre dans un café. Le jury a aimé les mots justes faits de souvenirs douloureux et fourmillant d’anecdotes sur le thème de l’exil et de l’attachement aux racines, qui fait de cet ouvrage un roman poignant et symbolique de bien des tragédies contemporaines. "

Dans la section " Premier roman " – Rebecca Benhamou pour " Les habitués du temps suspendu " aux Éditions Fayard 

" C’est un air de Bach, joué dans ce café parisien par une jeune fille nommée Lila et qui est familier à Salomon qui va déclencher chez lui un flot de souvenirs d’enfance. Le roman fait alterner des moments de la vie du héros devenu vieux, et d’autres qui renvoient à son existence antérieure. Après une crue tragique dans son village, le père de Salomon avait déménagé à Radieuse, une ville imaginaire d’Algérie. Les récits de la famille de Rebecca Benhamou, originaire de l’autre rive de la Méditerranée, ont contribué à nourrir ce premier roman. Ce beau livre met l’accent sur la réconciliation entre les deux rives de la Méditerranée. Il évoque une époque où juifs, chrétiens et musulmans vivaient en bonne entente. Inspiré par la vie du grand-père de l’auteure, il interroge sur le temps et la mémoire. Peuplé de personnages attachants, il insiste sur la transmission entre générations, à travers le temps, les récits partagés, et la fonction pacificatrice de la musique. Un livre qui ne pouvait qu’émouvoir le Jury.  "

Dans la section " Histoire et Géopolitique –  David Abulafia pour “La Grande mer” aux Éditions Les Belles Lettres 

 

" Professeur émérite d’histoire méditerranéenne à l’université de Cambridge, David Abulafia en a présidé la faculté d’histoire. Son travail porte sur l’Espagne, l’Italie et la Méditerranée médiévales. La Grande mer. Une Histoire de la Méditerranée et des Méditerranéens a reçu le prix de la British Academy ainsi que le Mountbatten Maritime Award. En conteur passionné, il nous fait découvrir l’histoire de la Méditerranée en 5 grandes périodes et sous l’aspect des sciences humaines. Illustré d’une magnifique iconographie et enrichi de cartes didactiques – il a tout ce qu’un ouvrage historique majeur exige : un thème important, des recherches solides, une écriture somptueuse qui plaira aux savants comme aux débutants, et une vision très perspicace de la nature humaine, parfois non dénuée d’humour… En résumé, un ouvrage à mettre entre toutes les mains, fourmillant d’anecdotes historiques passionnantes. La version française, qui a subjugué le jury, va influencer de manière durable de nouvelles générations de chercheurs et les amener à penser “Une Méditerranée autrement”. "

Dans la section “Philosophie et Spiritualité” – Stéphanie E. Binder “Tertullien et moi” aux Éditions du Cerf 

" Après son baccalauréat en France en 2001, Stéphanie Binder a entamé des études de Lettres Classiques à l’université Bar-Ilan. Titulaire d’un doctorat, elle a commencé mes recherches sur Tertullien avec Bezalel Bar-Kochva, disposant à l’époque de la chaire d’histoire des Juifs dans l’Antiquité de l’université de Tel-Aviv, qui est le plus grand spécialiste vivant des relations entre les Grecs et les Juifs à la période du deuxième Temple. De son dialogue incessant avec Tertullien, que le Jury a plébiscité, Stéphanie Binder en a retiré un grand nombre d’enseignements, à la fois sur elle-même et sur le monde tel qu’il va. De cet échange fécond par-delà les temps et les lieux, elle nous offre un exemple rare et magnifique d’ego-histoire où la divulgation d’un passé méconnu éclaire la mécompréhension cachée du présent. En puisant aux sources de la pensée de cet Africain chrétien de Carthage, elle nous invite aussi bien à renouveler notre relation à l’Antiquité et surtout mobiliser la sagesse des Anciens dans la résolution de tous nos maux. "