Salim Mrad est un réalisateur de cinéma et auteur libanais. Il a publié en automne 2022 son premier livre, Muffins, à Paris avec Les Impliqués Éditeur (L’Harmattan). Rencontre avec l’auteur.

   

Pourquoi ce titre?

Le terme " muffins " est utilisé, dans le contexte du livre, comme une métaphore pour "pensées obsédantes". Dans la préface, je raconte le petit incident que j’ai vécu (et dans lequel figurait un muffin véritable) qui a abouti à son adoption dans ce sens-là.

Par ailleurs, le livre est une collection de nouvelles où les personnages sont submergés par leurs propres pensées obsédantes ou idées fixes. Autant de muffins que de nouvelles.

Est-ce votre premier ouvrage? 

Il s’agit de mon premier ouvrage publié, oui. Ces nouvelles ont été écrites durant les derniers mois de 2019, juste avant l’insurrection libanaise d’octobre. D’ailleurs, la troisième nouvelle a été elle-même submergée par le flot révolutionnaire qui parcourait le pays. J’espère publier dans les mois qui viennent, également avec Les Impliqués Éditeur, un deuxième recueil de nouvelles qui sera intitulé: Blablasst, Solange!

Votre livre parle de la culpabilité. Pourquoi avoir traité ce sujet?

La culpabilité fait partie des émotions qui vibrent le plus bas. Non canalisée, non transformée, elle peut ruiner le mental d’un homme. Or les pensées obsédantes vont souvent pêcher en eau trouble, là où nous ne nous sommes pas encore aimés ou pardonnés. J’ai personnellement souvent souffert d’avoir laissé mon juge interne amplifier certaines erreurs de manière démesurée. Pouvoir analyser ce processus par l’écriture pourra aider – j’espère – les lecteurs à se désidentifier de ce juge-là et à se prendre plus dans les bras.

Comment s’est faite la sélection de votre ouvrage en France? 

Ayant bénéficié d’une résidence artistique de trois mois à Paris, dans le cadre du programme Nafas de l’Institut français, entre octobre 2021 et janvier 2022, j’ai décidé, en plus de l’écriture de mon long métrage, d’envoyer mes textes littéraires à plusieurs maisons d’édition parisiennes. L’Institut français à Paris m’a aidé pour préparer les dossiers et avec les contacts. Ensuite, quelques mois plus tard, à Beyrouth, je reçois un courriel de la part de l’une des maisons d’édition, L’Harmattan, qui m’assure de la qualité de mon texte qu’elle recommande à ses associés, Les Impliqués Éditeur, qui sélectionnent le livre et avec qui je signe un contrat. Après relecture et correction de mon texte, je leur envoie la version finale qu’ils impriment et publient.

Pensez-vous à une adaptation du livre au cinéma?

J’aimerais beaucoup que ces nouvelles puissent inspirer un(e) cinéaste un de ces jours! Personnellement, je ne pense pas les adapter. C’est comme si j’avais deux chambres narratives dans ma tête. Celle qui reçoit les récits cinématographiques n’est pas la même que celle qui reçoit les récits littéraires. Je préfère ne pas les mélanger pour le moment. D’ailleurs, j’ai l’impression d’avoir écrit ce que je ne pensais pas pouvoir mettre en scène. Et, en même temps, mon désir d’écriture est antérieur à la découverte de ma vocation cinématographique. Cela peut paraître pêle-mêle, mais ça ne l’est pas.

Le livre est actuellement en vente à la Librairie Antoine au Liban.

https://www.agendaculturel.com/article/le-roman-obsessionnel-de-salim-mrad