Harry Belafonte, icône afro-américaine de la chanson et du cinéma aux racines caribéennes et fervent défenseur des droits civiques aux États-Unis et dans le monde, est décédé mardi à New York à l’âge de 96 ans. Sa disparition a suscité une vague d’hommages, y compris celui du président Joe Biden.

Selon un communiqué de son agente, Belafonte, " chanteur célèbre, acteur, figure emblématique des droits civiques ", est décédé d’une insuffisance cardiaque à son domicile de New York, en présence de sa femme Pamela. Les réactions ont rapidement afflué sur les réseaux sociaux et dans les médias, émanant du monde de la culture, de l’économie, du sport et de la politique.

Le président Joe Biden, qui vient d’annoncer sa candidature à sa réélection en 2024, a salué un " Américain révolutionnaire qui a utilisé son talent, sa notoriété et sa voix pour racheter l’âme de notre nation ". Né en 1927, à une époque où la ségrégation était la norme de la société américaine, Harry Belafonte a " consacré toute sa vie à briser les barrières et à combler les divisions ", a déclaré le dirigeant démocrate.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a également rendu hommage à Belafonte, soulignant qu’au-delà de son " charme inimitable et son charisme " dans la musique, le cinéma et le théâtre, il avait " consacré sa vie à lutter pour les droits humains et contre l’injustice sous toutes ses formes ". Catherine Russell, directrice de l’Unicef, a salué " l’un des plus grands acteurs, chanteurs, producteurs et défenseurs des droits humains, en particulier pour les enfants ".

Le sénateur Bernie Sanders a quant à lui évoqué " Harry Belafonte, non seulement comme un grand artiste du divertissement, mais aussi comme un leader courageux dans la lutte contre le racisme et l’oppression des travailleurs ". Des artistes tels que John Legend ont également souligné la dimension " subversive " et " révolutionnaire " des messages contenus dans les chansons de Belafonte.

D’autres personnalités, telles que l’actrice Mia Farrow, le comédien Jeffrey Wright, et les ex-stars du basket et du football américain Magic Johnson et Colin Kaepernick, ont rendu hommage à celui qui a " ouvert la voie pour tant d’artistes noirs dans l’industrie du divertissement ".

Né à Harlem en 1927 d’une mère jamaïcaine et d’un père martiniquais, Harry Belafonte a passé une partie de son enfance en Jamaïque avant de s’installer à New York. Ses influences culturelles variées se reflétaient dans sa musique, qui a rapidement connu un immense succès dans l’Amérique prospère des années 1950. En 1956, son album Calypso est devenu le premier à se vendre à plus d’un million d’exemplaires. En tant que chanteur, Harry Belafonte a attiré les foules lors de ses concerts et ses enregistrements ont connu un succès international, lui permettant de décrocher six disques d’or. Dès 1960, il a été récompensé par plusieurs Grammy Awards pour son talent indéniable.

De Line Renaud à Nana Mouskouri, les artistes le pleurent

Line Renaud a confié que Belafonte était " l’un des plus grands chanteurs des États-Unis ", doté d’une " grande classe ", d’un " charisme fou " et d’une " voix magnifique ". Elle se souvient avec émotion de leur collaboration à Las Vegas dans les années 70. Nana Mouskouri, qui a tourné avec Belafonte aux États-Unis et au Canada en 1964 et 1965, a loué ce " magnifique chanteur ", " grand maître de la scène " et " grand professeur ". La chanteuse grecque polyglotte estime que le militant des droits civiques " inspirait l’humanité, l’amour et la justice ".

La musicienne franco-béninoise Angélique Kidjo a salué " la plus brillante des étoiles ", soulignant la passion, l’amour, la connaissance et le respect sans limites de Belafonte pour l’Afrique. Gaël Faye, chanteur né au Burundi qui a collaboré avec Belafonte, a rappelé l’engagement de l’artiste, qui a rencontré Martin Luther King et a joué un rôle important dans le mouvement des droits civiques.

Avec AFP