Émergeant de leurs niches opulentes dans les somptueux palais pour orner les murs sobres et minimalistes d’une galerie, des centaines de pièces d’art précieusement collectées par les lignées royales espagnoles se retrouvent rassemblées sous le toit d’un sanctuaire contemporain: la Galerie des collections royales.

Le Cheval Blanc, une œuvre magistrale du peintre espagnol Diego Velázquez, a été vu pour la dernière fois en 2015 lors d’une exposition éphémère à Paris. Habituellement, ce chef-d’œuvre est suspendu dans une chambre du palais royal à Madrid, juste à côté du nouveau musée qui ouvrira ses portes fin juin, déclare Leticia Ruiz Gómez, la conservatrice des collections royales. Le tableau majestueux est l’un des joyaux du premier étage, dédié à la Maison de Habsbourg qui a gouverné l’Espagne aux XVIe et XVIIe siècles. À quelques pas, on peut admirer un Caravage et le Triomphe du temps, une imposante tapisserie de plus de trois mètres de haut, autrefois propriété d’Isabelle la Catholique et récemment acquise par le ministère de la Culture pour un million d’euros.

En dépit de la présence de musées mondialement reconnus comme le Prado ou le Reina Sofia, la Galerie des collections royales aspire à être "une vitrine", mettant en lumière "la diversité, la richesse et la qualité de ce que les rois espagnols ont collectionné pendant cinq siècles", explique Ana de la Cueva, présidente de l’organisme public gérant le Patrimoine national espagnol. L’idée de créer un musée pour mettre en valeur les collections royales est vieille d’un siècle, mais la Guerre civile espagnole (1936-1939) a contrecarré ces plans.

Le deuxième étage est consacré à la dynastie des Bourbons, y compris l’actuel roi Felipe VI, et présente des œuvres de Francisco de Goya, un carrosse du XIXe siècle recouvert de bronze, et le curieux "portrait de dos" du roi Charles IV par Juan Bauzil, qui valut à celui-ci le surnom de "peintre fou".

Un troisième niveau abritera des expositions temporaires ainsi qu’un espace immersif projetant des images à 360° des nombreux "sites royaux" à travers l’Espagne dont proviennent les pièces exposées. La plupart des 650 œuvres de l’exposition permanente étaient auparavant inaccessibles, reléguées dans des réserves ou des ailes fermées de palais et de monastères. "Notre mission est de rendre ces œuvres accessibles au public afin que les citoyens prennent conscience que ce patrimoine leur appartient", souligne la conservatrice.

Ce nouveau musée, un bijou d’architecture de béton, vise à attirer autant de visiteurs que son voisin, le palais royal, qui en accueille en moyenne 1,5 million par an. Le défi est grand, mais les responsables misent sur l’architecture du bâtiment, plusieurs fois récompensée, et sur la richesse des collections royales pour séduire le public.

Avec AFP.