Ce mois-ci, à l’approche de la proclamation du prix Goncourt des lycéens, une expérience unique a réuni des centaines d’élèves membres du jury et les écrivains en compétition. Ces derniers, habitués aux cercles littéraires, ont fait face à un public jeune, avide et curieux lors d’une série de rencontres organisées dans la salle du cinéma de Rennes.

Les élèves venus de diverses régions, de Bretagne à Niort en passant par Caen, ont saisi l’occasion d’interroger directement les auteurs sur leurs œuvres. La frontière entre réalité et fiction fut l’un des thèmes récurrents. Les lycéens se sont montrés particulièrement intrigués par la part d’autobiographie insufflée dans les romans. Cécile Desprairies, historienne et auteure de La Propagandiste, a notamment été questionnée sur les découvertes troublantes concernant le passé nazi de sa mère, un sujet qu’elle aborde dans son livre.

Gaspard Kœnig, dont le roman Humus traite de la crise écologique à travers la vie de deux étudiants en agronomie, a été sollicité sur l’impact de son œuvre auprès de la jeunesse. Son retour questionnant, inversant les rôles, souligne la nécessité d’un dialogue entre les auteurs et leurs lecteurs.

Les lycéens ont été impressionnés par cette occasion unique. Pour Jenna-Émilie, élève au lycée Pierre Mendès-France, rencontrer les auteurs personnalise davantage l’expérience de lecture. Deryn, sa camarade, exprime, quant à elle, la découverte de genres littéraires souvent négligés par la jeunesse, soulignant l’importance de cette initiative.

Marc Lecoustre, professeur documentaliste à Rennes, et Caroline Derlyn, enseignante en lettres, ont également insisté sur l’importance de ces rencontres pour encourager la lecture chez les jeunes. Ils reconnaissent que si certains liront les ouvrages par obligation, d’autres s’investiront pleinement, certains allant jusqu’à lire les 16 romans en lice.

La cérémonie de remise du prix aura lieu le 23 novembre à Rennes, lieu de naissance de ce prestigieux prix littéraire.

Cette initiative ne laisse pas indifférents les écrivains. Pour Cécile Desprairies, il est crucial de connaître son lectorat, tandis qu’Antoine Sénanque, auteur de Croix de cendre, souligne l’authenticité des questions posées par ces jeunes. Surpris par l’intérêt des lycéens pour son ouvrage traitant de la peste au Moyen Âge, il admet avoir sous-estimé ce public particulier.

Ces rencontres pourraient bien avoir un impact durable, non seulement sur les lycéens, mais aussi sur les auteurs. M. Sénanque envisage déjà d’ajuster son style d’écriture, avec une influence potentielle de ces jeunes lecteurs sur ses futurs travaux.

En somme, cette série de rencontres, bien loin des traditionnels salons du livre, incarne un pont entre les générations, promouvant à la fois la littérature contemporaine et l’engagement actif de la jeunesse dans le monde des lettres.

Avec AFP

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