Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a annoncé que le taux de change de 15 000 livres libanaises pour un dollar entrera en vigueur  à partir du 1er février 2023. De même, les circulaires 151 et 158 fonctionneront au taux  de 15 000 LL au lieu de 8 000 L L et 12 000 LL, à partir de la même date.

Dans une interview lundi à la chaine de télévision al-Hurra, il a expliqué que le Liban est entré dans la phase d’unification des taux de change. Les circulaires resteront en vigueur à moins que la loi sur le contrôle des capitaux ne soit adoptée. " Nous annulerons alors toutes ces circulaires et les opérations serons régies par des transactions conformes à la loi ", a souligné M. Salamé.

Et le gouverneur de poursuivre: " Nous aurons deux taux de change, un à 15 000 LL et celui de Sayrafa, car l’unification du taux de change ne peut pas se faire d’un seul coup. C’est la première étape jusqu’à ce que la plateforme Sayrafa devienne celle qui détermine le taux de change ".

Cette mesure conduira-t-elle à une hausse ou à une baisse du taux de change ? " Le marché déterminera le taux en fonction de l’offre et de la demande, mais la Banque du Liban sera à l’affût ", a-t-il répondu.

Et le gouverneur d’ajouter: " Nous essayons par le biais des circulaires de gérer la crise. L’événement le plus déterminant a été le défaut de paiement, ce qui a largement isolé le Liban des marchés financiers et rendu difficile l’afflux des dollars dans le pays, à l’instar du Covid, qui a affecté l’économie du monde ".

Il a expliqué que les statistiques récentes de la Banque du Liban ont révélé que l’économie libanaise a connu une croissance durant l’année en cours d’environ 2%. Riad Salamé estime sur ce plan que le problème qui se pose principalement est " le secteur public qui est un fardeau pour l’économie ". Il a rappelé l’importance de remédier à la situation dans ce secteur " à un moment où l’accent est mis sur le privé et le secteur bancaire, tout en négligeant les réformes nécessaires dans le public ".

Concernant le financement de l’augmentation des salaires des fonctionnaires, il a déclaré: " C’est la responsabilité de l’État, pas celle de la Banque du Liban. Avant l’augmentation, les salaires étaient de 1000 milliards et 300 millions de livres,  ils s’élèvent désormais à 3 000 milliards et 300 millions, ce qui signifie que la Banque du Liban pompera au cours des trois prochains mois, avec l’effet rétroactif, 340 millions de dollars ".

Comment sécuriser ce montant? " Nous avons développé nos méthodes pour sécuriser les dollars sans affaiblir la banque centrale et d’une manière qui ne nous mène pas au pire ", a-t-il dit. Il a expliqué que les avoirs extérieurs de la Banque du Liban sont de 10 milliards et 300 millions de dollars qui peuvent être traités à l’étranger, sans compter l’or. " Depuis le début de l’année et jusqu’à aujourd’hui, les actifs de la Banque du Liban n’ont diminué que de 2 milliards et 500 millions de dollars”, a-t-il précisé.

M.Salamé a, d’autre part, déclaré: " Si nous n’avions pas instauré la circulaire 161, que serait-il advenu du taux de change du dollar par rapport à la livre? Aujourd’hui, au contraire, parce que beaucoup de dollars vont entrer sur le marché, le taux de change est censé baisser ou se stabiliser ". Et sur la façon dont il va se procurer des dollars, il a répondu: " Nous avons nos méthodes pour intervenir sur le marché, mais contrairement à ce qu’ils disent, nous ne retirons pas des dollars, nous les gardons. Mais nous les redistribuons ".

Riad Salamé a confirmé qu’il ne financerait pas l’achat de carburant pour l’électricité à partir des réserves de la Banque centrale, et que le gouvernement étudie la possibilité d’ouvrir des crédits avec des paiements différés. Pour lui, ces montants peuvent être sécurisés grâce à la collecte des factures qui peut atteindre 300 millions de dollars. Concernant le sort des dépôts, il a ajouté: " Nous avons enduré toute la propagande négative afin de ne pas mettre les banques en faillite et sauver l’argent des déposants. Ce qu’il faut pour restituer les avoirs des déposants, c’est sécuriser les liquidités et créer un mouvement économique pour rembourser les dépôts, et c’est le plan de relance que l’État est censé entreprendre”.

Pour conclure, Riad Salamé a exprimé l’espoir de tourner cette page de sa vie après la fin de son mandat le 31 juillet. " Je n’ai pas comparu devant la juge Ghada Aoun parce qu’elle m’a jugé avant de m’écouter. Je suis prêt à comparaître devant un juge qui n’a aucun préjugé contre moi ", a-t-il dit.