Le projet de budget de 2022 a été approuvé jeudi par le Conseil des ministres qui s’est réuni au palais présidentiel de Baabda sous la houlette du chef de l’État. Le texte doit encore être approuvé par le Parlement les 21 et 22 février. Petit tour d’horizon de ce fameux budget qui a causé pas mal de remous.

Le projet de budget concocté par le ministre des Finances Youssef Khalil préconise des dépenses de 47.000 milliards de livres libanaises (chiffre qui a été revu à la baisse) et des bénéfices de 39.000 milliards de livres, soit un déficit de 8.000 milliards de livres. Le déficit est mesuré par rapport au PIB, qui est une donnée scientifique, explique un économiste.  "En 2017, nous avions un PIB de 54 milliards de dollars. Cette année, le PIB prévu est de 22 milliards de dollars. Ce qui montre l’effondrement et l’étendue du désastre. Avant la crise, les dépenses publiques représentaient à peu près un tiers du PIB. En 2017, les dépenses étaient d’environ 16 milliards de dollars donc le tiers du PIB. Cette année, les dépenses publiques prévues dans le budget sont de 2,2 milliards de dollars ce qui représente 10% du PIB. Le déficit pour 2022 par rapport au PIB est de moins de 2%, ce qui est absolument remarquable dans le cas du Liban, parce que nous avions avant la crise des déficits qui dépassaient 10% du PIB. Le budget tel qu’établi répond à une situation exceptionnelle. C’est un budget de stabilisation. Il a été critiqué comme n’étant pas un budget de réforme, mais nous ne pouvons pas faire de réformes avant de rétablir notre situation monétaire et que nous ayons reconstitué nos réserves par le biais du FMI".

Et d’ajouter: "L’objectif essentiel de ce budget est de réduire la dette publique et pour cela, il faut restreindre le déficit et dégager un surplus qui permette de commencer à rembourser. Ce qui a anéanti l’économie libanaise aujourd’hui c’est l’augmentation effrénée de la dette due au cumul des déficits. La deuxième cause est la politique monétaire qui a maintenu un taux de change fixe pendant un certain temps".

L’économiste estime par ailleurs que l’unification du taux de change dans la forme finale de ce budget est une bonne chose. Un seul taux est mentionné, celui de la plateforme Sayrafa qui affiche un taux crédible parce que convergent avec le marché parallèle.

Rappel de quelques mesures

Une des priorités de ce budget, compte tenu de la détresse sociale, de la dislocation de l’économie, de la situation de l’emploi et de l’effondrement de la livre, porte sur les dépenses consacrées aux systèmes médical, social et éducatif.

Une aide sociale égale au salaire sera accordée aux fonctionnaires pendant une période d’un an ainsi qu’aux retraités. Ce qui fait environ 350.000 personnes.

Les salaires des enseignants contractuels dans les écoles publiques et instituts techniques ont également été arrangés.

400 milliards de livres ont en outre été octroyés aux maisons de retraite ainsi qu’une aide aux victimes de l’explosion au port de Beyrouth.

Les frais de transports sont ainsi passés à 64.000 livres libanaises par jour pour le secteur public et 65.000 LL par jour pour le privé. Pour les militaires, ces indemnités de transport seront d’un million deux-cent mille livres libanaises par mois.

Le dollar douanier adopté sera celui de la plateforme Sayrafa, soit 20.600 LL vendredi. Il semble que les télécoms adopteront le même aussi, ainsi que la nouvelle tarification d’EDL.

Tous les salaires doivent être ainsi domiciliés dans des banques.

L’impôt sur les revenus du capital mobilier, y compris les intérêts sur les dépôts et obligations, sera relevé de 10%.

Une taxe sur les propriétés bâties vacantes sera instaurée, mais elle sera de moitié moindre qu’une propriété occupée.

Une redevance minimale supplémentaire de 3% sera imposée sur toutes les marchandises importées pendant une période de 10 ans ; elle sera de 10% si la marchandise a un équivalent fabriqué au Liban.

Les tranches des impôts sur le revenu (bénéfices et traitements sur salaires) seront aussi modifiées.

Enfin, les taxes de sortie des passagers à l’aéroport seront augmentés et imposés en dollars, entre 35 et 100 dollars, et les frais d’émission de passeports seront doublés.