Le Conseil des ministres a approuvé jeudi une décision du ministre de l’Industrie interdisant l’exportation de produits alimentaires fabriqués au Liban sans une licence préalable délivrée par son département. Une mesure destinée selon lui à préserver la sécurité alimentaire. Sauf que les industriels sont mécontents.

Le Conseil des ministres a décidé jeudi de suspendre toutes les exportations de produits alimentaires, à moins d’une licence émise préalablement par le ministère de l’Industrie, soulevant une vague de mécontentement dans les milieux des industriels.

" L’interdiction d’exporter des produits alimentaires fabriqués au Liban, sans licence d’exportation émise par le ministère, s’inscrit dans le contexte d’un plan à long terme dont le but est d’établir un stock alimentaire stratégique dans le cadre d’une politique de sécurité alimentaire " envisagée par le Liban, a expliqué le ministre de l’Industrie, Georges Bouchikian dans un communiqué. Il craint que la crise mondiale ne dure et veut établir " un filet de sécurité et une politique de prévention des pénuries, des monopoles et de l’exploitation " des consommateurs.

Une décision à amender

Décision que les industriels n’ont pas du tout avalée cependant. Avec la crise que connaît le Liban, ils ont besoin d’exporter leurs produits. Un grand industriel alimentaire, s’est dit complètement " désarçonné " par cette mesure qui, pour lui, " n’est pas logique ".

Aussi, nombre d’industriels ont engagé vendredi des discussions avec le ministre dans une tentative de le convaincre d’amender sa décision. Ils doivent les poursuivre lundi, confie à Ici Beyrouth le vice-président de l’Association des industriels libanais (AIL), Georges Nasraoui, en insistant sur le fait que la décision du gouvernement doit être amendée. " Elle ne peut absolument pas être mise en œuvre dans l’état. Je pense que le ministre va nous comprendre et que lundi nous pourrons nous entendre sur une formule finale ", ajoute-t-il, en laissant entendre qu’un recours à l’escalade est envisagé dans le cas contraire. " Soit la décision est modifiée, soit nous prendrons position dans cette affaire ", a insisté Georges Nasraoui.

Georges Bouchikian estime pour sa part, que " la panique des industriels " n’est pas fondée. " Au cours de la réunion de lundi, nous tenterons d’élaborer un mécanisme de mise en œuvre " poursuit le ministre, en précisant que la décision du gouvernement n’interdit pas mais réglemente les exportations grâce au permis préalable " qui les autorise dans les cas où les produits alimentaires de base ne sont pas concernés et où le stock du marché local n’en serait pas affecté ".

" Nous savons que le secteur des industries alimentaires occupe le premier rang au niveau des secteurs qui exportent vers des dizaines de pays. Il mérite notre protection et notre attention. Nous leur demandons de ne pas paniquer ", souligne-t-il dans son communiqué.