A l’issue du Conseil des ministres tenu samedi au Sérail, le Premier ministre libanais Nagib Mikati a annoncé avoir demandé au ministre de la Justice, Henri Khoury, de présenter une "vision pour trouver des solutions à la situation judiciaire et de pallier à toute faille". Ces mesures ont été prises suite à l’attaque menée par certains magistrats contre le secteur bancaire et à l’arrestation du frère du gouverneur de la Banque du Liban, Raja Salamé.  

Après le gel des actifs de cinq grandes banques au Liban et ceux des membres de leur conseils d’administration, la juge Ghada Aoun, procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban a ordonné jeudi l’arrestation de Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé. En cause: des soupçons de blanchiment d’argent, de fraude et d’enrichissement illicite. Selon un magistrat, cela s’est produit sans se soucier vraiment des règles de droit fondamentales. Le tout fondé sur des sources parues dans des médias européens. Un diplomate estime que c’est un premier coup dur pour Riad Salamé, qui fait l’objet avec son frère Raja de plusieurs enquêtes judiciaires au Liban, en Suisse, en France et au Luxembourg, dans des affaires de détournement de fonds, de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite.

Raja Salamé a été arrêté après trois heures d’interrogatoire par la juge Ghada Aoun sur des transferts suspects de 330 millions de dollars, dans le contexte d’un contrat de courtage entre la Banque du Liban et une société enregistrée aux îles Vierges britanniques, dont il se trouve être le bénéficiaire économique.

La durée de la garde à vue est de 48 heures mais étant donné qu’il a été arrêté juste avant le week-end, celle-ci doit en principe s’achever lundi. L’affaire doit être envoyée aux enquêteurs puis au tribunal. Sera-t-il libéré?

Par ailleurs, la juge envisage de lancer des poursuites contre Riad Salamé, qu’elle compte faire amener par les Forces de sécurité intérieure lundi. Or, ce dernier ne peut pas se faire arrêter, il jouit d’une immunité, explique un spécialiste. Sans arbitrage, cette chose ne peut avoir lieu. Elle peut l’humilier et l’importuner. Même dans le cadre des enquêtes à l’étranger, aucune n’a abouti encore. Tout n’est donc encore que présomptions.

Des observateurs estiment que toute cette pression exercée sur les banques et la BDL s’appuie sur un volet politique dont l’objectif est de redorer l’image (pour le moins désastreuse) du chef de l’État Michel Aoun avant la fin de son mandat.

Pour le Premier ministre Najib Mikati, la justice doit s’appliquer à tous ou à personne. "Nous ne sommes pas ici pour défendre les banques ni le gouverneur de la BDL, mais pour protéger les institutions et le pays", a-t-il affirmé. Le Premier ministre sait foncièrement que si le système bancaire s’écroule c’est tout le Liban qui s’écroulera.