Le président de la Chambre Nabih Berry a porté plainte mercredi contre la procureure générale du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, auprès du procureur général près la Cour de cassation, le juge Ghassan Oueidate.

La plainte déposée par l’avocat de M. Berry, Ali Rahhal, porte une demande d’engager les poursuites nécessaires et de procéder aux démarches juridiques requises, après un tweet de la juge Aoun diffusé en matinée, et qu’elle a retiré quelques heures plus tard.

Une copie de la plainte déposée par le président de la Chambre Nabih Berry contre la procureure près la Cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun.

Elle y publie une liste, en citant Wikileaks, de noms de responsables libanais, parmi lesquels figurent Nabih Berry, son épouse Randa et son fils Abdallah, qui auraient des comptes bancaires bloqués en Suisse. Elle les accuse de manquer de transparence, tout en assurant – comble pour une juge – ne pas être sûre des informations qu’elle diffuse.

"Je ne sais pas dans quelle mesure cette information est véridique, mais pourquoi les personnes mentionnées sur cette liste ne prennent pas l’initiative de révéler leurs comptes dans les banques suisses? Ne serait-ce que pour la transparence!!! En tout état de cause, j’espère que la loi sur la levée du secret bancaire le permette. Je vais m’atteler à l’étudier. Et j’invite les juristes à la commenter", a écrit la juge Aoun.

Les listes non vérifiées de Ghada Aoun

Les responsables dont les noms sont cités ont "des comptes bloqués dans les banques suisses et sont incapables d’en retirer un seul dollar, sur instruction de l’administration américaine", a-t-elle expliqué. Elle a annexé la liste à son tweet, sans inclure aucun nom relevant du Courant patriotique libre, pour lequel la juge a l’habitude de prendre parti.

Les noms sont les suivants:

"Fouad Siniora (ancien Premier ministre, NDLR) (9,1 milliards de dollars), Najib Mikati (Premier ministre sortant, NDLR) (8,7 milliards de dollars), Taha Mikati (homme d’affaires, frère de Najib Mikati, NDLR) (6,8 milliards de dollars), Nabih Berry (6,3 milliards de dollars), Michel el-Murr (ancien ministre et député décédé, NDLR) (5,9 milliards de dollars), Saad Hariri (ancien Premier ministre, NDLR) (5,9 milliards de dollars), Randa Berry (6,3 milliards de dollars), Riad Salamé (gouverneur de la Banque centrale, NDLR) (5 milliards de dollars), Walid Joumblatt (chef du Parti socialiste progressiste, NDLR) (4,6 milliards de dollars), Elias Murr (ancien ministre, NDLR) (3,6 milliards de dollars), Nehmat Frem (homme d’affaires et député, NDLR) (2,6 milliards de dollars), Abdallah Berry (2 milliards de dollars), Michel Sleiman (ancien président de la République, NDLR) (2 milliards de dollars), Nicolas Fattouche (ancien ministre et député, NDLR) (1,9 milliards de dollars), Fouad Makhzoumi (député, NDLR) (1,9 milliards de dollars), Myriam Skaff (présidente du Bloc populaire, NDLR) (1,6 milliards de dollars) et Paula Yaacoubian (députée, NDLR) (1,2 milliards de dollars)."

Et la juge Aoun d’indiquer l’existence de "centaines de noms dont la valeur des comptes varie entre un demi-milliard et un milliard de dollars, et des centaines d’autres dont l’argent est déposé dans des banques américaines et françaises, et dont les noms apparaîtront dans des listes successives".

Rappelons que Mme Aoun avait été déférée en mai dernier devant le conseil de discipline "pour avoir enfreint l’obligation de réserve et fait pression sur l’un des juges qui instruisent le procès intenté contre elle devant la cour d’appel", par le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, pour qu’elle soit dessaisie du dossier.