Le Premier ministre sortant Nagib Mikati n’a pas réussi à convaincre le président du Parlement Nabih Berry de poursuivre les démarches légales et législatives afin d’approuver une avance de trésorerie pour Électricité du Liban, d’un montant minimum de 300 millions de dollars et qui pourrait atteindre 600 millions de dollars, afin de financer l’achat de fuel et de gasoil pour les centrales de production d’électricité. M. Mikati a cependant quitté Aïn al-Tiné en s’accordant avec le chef du Législatif pour poursuivre la mise en œuvre de la décision d’augmenter les tarifs, à condition que l’achat de carburant pour les centrales électriques soit financé par la collecte. De son côté, M. Berri a réclamé la nomination des membres de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité, qui constitue une condition préalable exigée par la Banque mondiale afin de financer l’importation de gaz et d’électricité en provenance d’Égypte et de Jordanie.

Le ministre sortant de l’Énergie Walid Fayad est, quant à lui, toujours à la recherche de moyens pour sécuriser le premier paiement pour l’achat de carburant. De plus, il souhaiterait que la Banque du Liban apporte une solution à la question du financement de l’achat de fuel et de gasoil pour Électricité du Liban avant le 16 du mois courant précisément, date à laquelle les résultats des appels d’offres pour l’achat de ces carburants devront être proclamés. À cet effet, le ministre de l’Énergie a indiqué que l’entreprise qui remportera l’appel d’offres devra disposer d’une lettre de garantie de la Banque du Liban confirmant le paiement du carburant fourni et l’existence de fonds alloués à cet égard.

Selon des sources suivant de près ce dossier, le ministère de l’Énergie réclame un financement de 120 millions de dollars mensuels échelonnés sur cinq mois, ce à quoi la Banque du Liban a opposé une fin de non-recevoir. La BDL justifie son refus en avançant qu’elle ne souhaite pas rééditer l’expérience des années précédentes, lorsque le fournisseur public avait obtenu des avances de trésorerie sans se soucier de leur remboursement. En réalité, EDL a perçu de 1997 à 2019 environ 27 milliards de dollars, sans avoir remboursé le moindre centime. Par conséquent, la Banque du Liban exige des garanties du gouvernement et du Parlement en particulier. Pour la Banque centrale, cette question devra explicitement figurer dans la loi approuvée et promulguée par le Parlement.

Le ministre Fayad a rappelé l’importance de franchir cette étape afin qu’EDL achète du fuel et du gasoil en vue d’augmenter les heures d’alimentation, et de couper court à toute opposition à l’entrée en vigueur de l’augmentation tarifaire. En effet, le ministre de l’Énergie ne consentira pas à appliquer l’augmentation sans une réduction des heures de rationnement en contrepartie.