À la veille de la première commémoration de l’assassinat de Lokman Slim, le Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne (CNLOI) estime que ce meurtre est une affaire nationale. Il accuse le Hezbollah d’en être responsable et dénonce le non-aboutissement de l’enquête.

Dans le cadre du suivi de l’enquête sur l’assassinat, il y a un an, de l’intellectuel et activiste chiite indépendant Lokman Slim, les avocats souverainistes réunis autour du Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne ont réaffirmé mercredi leur disposition à se mobiliser pour son aboutissement et, d’une manière générale, la fin de l’impunité pour les assassinats politiques au Liban. Le meurtre de l’opposant chiite, " notre compagnon et ami ", est " une affaire nationale, et non l’affaire d’un individu ou d’une famille ", a déclaré l’avocat Amine Bachir lors d’une conférence de presse tenue au siège du Conseil à Achrafieh.
C’est donc à la fois " en signe de solidarité avec la famille et avec tous les Libanais libres " que " nous mettons nos ressources humaines et logistiques (…) au service de (…) la liberté du Liban et de sa souveraineté (…) face à l’occupation iranienne ", a-t-il annoncé.
" À l’occasion, nous réclamons aux services et autorités sécuritaires et judiciaires les résultats de l’enquête visant à révéler l’identité du meurtrier qui, à nos yeux, est le Hezbollah ", a affirmé M. Bachir sans détours. Lokman Slim a en effet été " assassiné dans une zone d’influence du Hezbollah (un village de Nabatiyeh, au Liban-Sud, ndlr), et donc s’il n’est pas le meurtrier, qu’il transmette (aux enquêteurs) les éléments dont il dispose pour identifier les meurtriers ". " Et que personne ne vienne prétexter des questions technologiques ou autres rumeurs pour détourner l’affaire de sa voie légale et judiciaire ", a martelé l’avocat. Il faisait notamment référence à la question du téléphone mobile qui n’aurait pas été récupéré physiquement par les enquêteurs, ce que les détracteurs de l’enquête utilisent entre autres pour en justifier le non-aboutissement.

Craintes de nouveaux assassinats
L’enjeu de l’action que prévoient les avocats est celui, plus général, de la lutte contre l’impunité. " Il faut comprendre que le mutisme encourage les assassinats politiques dont abonde l’histoire moderne du Liban. Il est demandé que tous se solidarisent autour de cette affaire nationale pour que justice soit faite ", déclare M. Bachir, stigmatisant les tentatives d’intimidation. Et d’ajouter: " D’aucuns tentent d’utiliser la peur en tant qu’instrument politique dangereux. Quant à nous, nous choisissons l’espoir plutôt que la peur toutes les fois. "
La question qui se pose dès lors serait celle de savoir si " l’État a peur de la vérité ou du Hezbollah ".
En réponse à une question sur la crainte de nouveaux assassinats politiques comme celui de Lokman Slim, M. Bachir a estimé qu’il est " normal dans un pays occupé que tous les opposants soient confrontés au risque d’assassinat ".
Tout en insistant sur " l’indépendance de la justice et sa non instrumentalisation en politique ", il a appelé à " la transparence de l’enquête qui vienne consolider la démocratie et la liberté d’opinion et protéger notre vivre-ensemble auquel nous nous attachons face aux armes illégales ".  Cette revendication de justice s’impose d’autant plus au vu des différentes atteintes subies par " l’État, le peuple et les institutions ", qui vont " des guerres et assassinats jusqu’à l’explosion au port de Beyrouth " le 4 août 2020, a conclu M. Bachir.