Une fois de plus, Tripoli est depuis quelques semaines au centre de toutes les spéculations et toutes les rumeurs dues au fait que l’organisation fondamentaliste Daëch a ressurgi en Syrie et en Irak. Les rumeurs ont été accentuées par l’annonce faite par l’Irak de la mort de trois jeunes Libanais tués lors d’un raid aérien contre une position de Daëch dans la province irakienne de Dayali. Ces trois jeunes, qualifiés de "terroristes" par des milieux irakiens, sont originaires de Wadi Nahlé, au Liban-Nord.

Parallèlement à ces trois victimes, il s’avère que plusieurs jeunes de Tripoli combattent en Irak. Quel est le contexte qui a poussé ces Tripolitains à quitter leur ville natale pour s’enrôler dans les rangs de Daëch? L’ancien ministre de la Justice et directeur général des Forces de Sécurité intérieure, le général Achraf Rifi – personnalité très appréciée à Tripoli – relate à Ici Beyrouth les circonstances qui ont abouti à cette "intrusion" tripolitaine sur le terrain de combat de Daëch.

"Tout a commencé avec l’assassinat d’un sous-officier à la retraite des Renseignements de l’armée, Ahmed Mrad, qui n’était pas en bons termes avec certains habitants de la région de Tripoli, pour des raisons personnelles, indique notamment le général Rifi. Il a été assassiné par des jeunes gens de la région. Des arrestations ont été opérées parmi les jeunes. Une certaine faction au sein des chambres lugubres, dont fait sans doute partie le Hezbollah, a entrepris d’intimider ceux qui devaient subir des interrogatoires. Une autre faction est entrée en jeu et a poussé ces jeunes à se rendre en Irak, sachant que certains d’entre eux avaient des précédents."

Pour l’ancien directeur des FSI, le Hezbollah peut compter sur un Daëch à la carte pour exploiter Tripoli lors des élections législatives ou dans un autre objectif. L’objectif constant du Hezbollah, ajoute le général Rifi, est de donner de Tripoli le visage d’un environnement sunnite démembré, extrémiste et terroriste, "alors que c’est lui le terroriste", affirme le général Rifi qui ajoute que "le Hezbollah et Daëch sont deux faces d’une même médaille, sachant que le parti chiite s’emploie à diaboliser les autres parties ou à les instrumentaliser pour atteindre un but précis qui pourrait être l’abolition des élections en provoquant une secousse sécuritaire ou des incidents à Tripoli".