Le Front souverainiste a tenu une réunion extraordinaire mercredi pour discuter des  propos du chef du Hezbollah à l’encontre de l’armée libanaise.

C’est sur la chaîne iranienne en langue arabe Al-Alam que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’était exprimé la semaine dernière, accusant entre autres l’armée libanaise d’être à la solde des États-Unis. À l’occasion de ce même entretien, Hassan Nasrallah avait également déclaré que les armes de son parti " sont bien plus grandes que les élections ", en parlant de son arsenal. En tentant dans un premier temps de jeter l’opprobre sur l’armée libanaise qui se serait " américanisée ", le leader s’est pris dans un second temps à son propre piège puisqu’en mettant en relief l’importance des armes, missiles ou 100,000 combattants de sa formation para-militaire et extra-étatique, il a confirmé son statut de premier fossoyeur de la souveraineté libanaise. C’est précisément pour refuser ce discours et en démontrer les incohérences que le Front souverainiste a tenu une réunion extrordinaire mercredi matin.

Dans un communiqué, le groupe souverainiste a indiqué que les propos de Hassan Nasrallah au sujet de l’armée, repris au quotidien par les médias affiliés au Hezbollah, " dénotent un renversement complet contre la République et ses institutions ". Pour le Front souverainiste, l’intervention télévisée de Hassan Nasrallah " n’était pas habituelle ". " Elle était au contraire une des plus dangereuses au regard des menaces graves qu’elle comportait à l’égard de la plus éminente institution de l’État, à savoir l’armée libanaise, et de son commandant, le général Joseph Aoun ". À ce sujet, le Front a déploré le silence " assourdissant " de l’État et de ses institutions, en relevant que ni le Conseil des ministres, ni le ministre de la Défense et encore moins le président de la République (de surcroît un ancien commandant de l’armée) n’ont démenti ou désavoué les propos du dirigeant chiite.

Insistant sur le silence similaire du commandement de l’armée face aux attaques d’un chef de milice, le communiqué rappelle que ce sont " des membres du Hezbollah qui distribuent à chaque veille de formation de Cabinet, les positions des ministères souverainistes et notamment ceux de la Défense et de l’Intérieur ". De même, le communiqué souligne le devoir qui incombe au président de la République en sa qualité de chef suprême des forces armées, de défendre la seule institution militaire officielle, " devoir qui n’a pas été accompli sous son mandat ce qui le rendrait complice de la milice " au détriment de l’armée " que l’on tente de détourner de ses obligations de protection du peuple ".

Souveraineté bafouée

Par ailleurs, le Front souverainiste s’est soulevé contre la contradiction dans la rhétorique du parti pro-iranien, qui en démontre aussi, selon lui, l’illégalité : " Nasrallah qualifie de traître et de laquais d’ambassade toute personne qui ne le suit pas dans son projet furieux, alors même qu’il affiche fièrement sa soumission aux ordres de l’Iran qui, il le reconnaît, finance ses besoins, les salaires de ses membres et de ses armes ". " Si l’État libanais et ses institutions étaient fonctionnels, cela l’aurait conduit en prison, mais le Liban est soumis à l’occupation d’une milice iranienne qui se dissimule derrière des cartes d’identité libanaises, ", indique le communiqué.

Rappelant l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et celui de l’activiste Lokman Slim, éminent opposant au Hezbollah, le Front a affirmé craindre que les paroles de Nasrallah ne pavent le chemin à des opérations terroristes à venir. Il a rappelé que Hassan Nasrallah avait par le passé désigné par le mot " saint ", Salim Ayache ( condamné par le Tribunal spécial pour le Liban pour l’assassinat de Rafic Hariri), et annoncé qu’il ne le livrerait jamais aux autorités. Le Front a en outre estimé que cela ne doit pas empêcher les forces de sécurité d’exécuter la décision du Tribunal Spécial pour le Liban et d’arrêter Ayache

* Le Front souverainiste a été formé le 29 septembre 2021. Il regroupe une vingtaine de formations souverainistes issues de la société civile ainsi que des personnalités et partis politiques tels que les Forces Libanaises, le Parti National Libéral, le Parti Syriaque International et les Gardiens du Cèdre. Le but de ce front est de dénoncer ouvertement la mainmise du Hezbollah sur le Liban, son État et ses institutions, et de mettre l’accent sur son rôle de bras armé de la République islamique d’Iran.