L’ancien président du Conseil des ministres Fouad Siniora a demandé à la communauté sunnite au Liban de participer massivement aux élections de mai 2020 et à ne pas boycotter le scrutin, afin de barrer la voie à un accroissement de l’influence iranienne au Liban.

Au cours d’une conférence de presse mercredi, Fouad Siniora qui est un des faucons du Courant du futur, a tiré à boulets rouges sur  " le Hezbollah et les forces politiques qui minent l’Etat, affirmant qu’il  " est important que tous les Libanais, et surtout la communauté sunnite, participent aux élections législatives, que ce soit au niveau du vote ou des candidatures ". Il n’a pas précisé s’il allait personnellement se présenter aux législatives, éludant une question à ce sujet, mais a insisté sur le fait que l’Etat libanais ne peut pas être reconstruit tant qu’il reste sous le contrôle du Hezbollah et de son parrain iranien. Il a également souligné qu’ "en raison de la loi électorale tordue, les élections législatives ne permettront pas au Liban de sortir de sa crise rapidement, mais elles restent importantes pour empêcher l’influence iranienne d’entretenir la corruption au Liban ". " Il n’est pas permis de laisser la scène politique vide ", a-t-il insisté, en expliquant qu’un engagement dans la bataille électorale " permettra de continuer d’élever la voix et de dénoncer des pratiques destructrices ".

Au cours de sa première allocution publique après le désengagement politique du chef du Courant du futur, Saad Hariri, l’ancien Premier ministre est revenu sur les circonstances qui ont poussé ce dernier à suspendre son action politique et parlementaire, affirmant qu’il s’est " heurté à l’influence iranienne qui empêche l’État de regagner son autorité et sa souveraineté " . Et d’ajouter : " L’État libanais est pris en otage et n’est plus maître de ses décisions. Le patriarche maronite a aussi exposé la profondeur de la crise et a appelé à la soustraction de l’État au contrôle des armes, en plaisant pour la neutralité du pays ".

Fouad Siniora a cependant nuancé sa position, en affirmant qu’il ne peut  " voir d’État avec les armes du Hezbollah, mais qu’un État est possible avec un Hezbollah désarmé ". Il a également salué toutes les positions exprimées en faveur d’un recouvrement de la souveraineté du Liban et de la mise en œuvre des résolutions internationales, notamment la 1559, 1680 et 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu. " Cela reflète la position de la majorité des Libanais qui veulent que le Liban sorte de sa crise, à cause d’un parti qui intervient dans les affaires des États arabes, qui a de ce fait provoqué l’isolement du Liban et qui menace de recourir à des missiles de précision,  " a-t-il dit en allusion au Hezbollah.

À quelques semaines de la clôture du dépôt des candidatures pour les élections du 15 mai, l’intervention d’un des faucons sunnites du Courant du futur devrait encourager plusieurs personnalités sunnites récalcitrantes à s’engager dans la bataille électorale.