Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a accusé mardi le Courant patriotique libre (CPL) de prétexter l’établissement des mégacentres pour pouvoir torpiller les législatives, s’attirant une réponse immédiate du chef du CPL, Gebran Bassil, qui l’a désigné, sans le nommer, comme "un traître", reprenant ainsi à son compte une terminologie propre généralement au Hezbollah.

Dans un communiqué publié dans la matinée, le chef des FL a fait référence aux débats, lundi, à la réunion de la commission ministérielle ad hoc chargée d’examiner l’étude de l’Intérieur au sujet des mégacentres, pour déduire que le parti fondé par le chef de l’État cherche à compromettre la tenue des législatives. "Gebran Bassil, ses ministres et ses députés savent parfaitement qu’il est impossible de mettre en place les mégacentres dans les deux mois qui précèdent le scrutin", prévu le 15 mai prochain, a-t-il souligné, rappelant que son parti avait été l’un des premiers à avoir réclamé la mise en place de ces centres de vote larges. "Nous continuerons de le faire mais nous ne nous en servirons pas pour ajourner ou torpiller les élections", a affirmé M. Geagea.

Estimant qu’au stade actuel "un report des législatives équivaut à les torpiller et à priver les Libanais, qu’on a plongés dans un enfer, de leur seule chance de salut", M. Geagea s’est déchaîné contre le CPL, lui reprochant de "vouloir porter un coup au dernier Libanais libre dans ce pays". Sans nommer ce parti, il l’a accusé de "vouloir tuer le seul espoir qui reste aux Libanais, lesquels aspirent à faire entendre leur voix durant le scrutin du 15 mai, après avoir souffert pendant deux ans". Samir Geagea a aussi promis de "poursuivre la lutte pour que les élections aient lieu dans les délais".

Gebran Bassil a répondu à ces propos sur son compte Twitter, sans toutefois nommer explicitement le chef des FL. "Ce n’est pas la première fois qu’il trahit et qu’il fait machine arrière. Les habitants de la montagne, du nord, du sud, de la Békaa et de Beyrouth connaissent la valeur stratégique des mégacentres. Lui aussi sait qu’ils facilitent et ne retardent pas le scrutin, sauf qu’il est comme ça", a écrit M. Bassil. "C’est de la même manière qu’il a vendu les prérogatives du président à Taëf et combattu le ‘président fort’ avec ses prérogatives. C’est aussi de la même manière qu’il s’était retourné contre la loi orthodoxe et qu’il avait trahi les expatriés libanais", a-t-il ajouté.