C’est une Amérique profondément divisée qui s’apprête à se rendre aux urnes mardi pour renouveler l’ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Toute une série de postes d’élus locaux majeurs sont également en jeu. La traditionnelle concurrence bon enfant entre républicains et démocrates a cédé la place à une bataille rangée, où une partie agressive des républicains, jadis minoritaires et discrets, ont pris le devant de la scène depuis l’accession de Trump au pouvoir en 2016. Complotistes, extrême droite flirtant avec le fascisme, promoteur des " fake news ", défenseurs du port d’armes et autres fanatiques pèsent de leurs poids sur le parti d’Abraham Lincoln. D’ores et déjà, une candidate du " GOP " a prévenu qu’elle n’accepterait pas les résultats des urnes si elle perdrait les élections…

 

Deux hommes, Joe Biden et Donald Trump, qui jouent chacun son avenir politique, et une Amérique qui s’apprête à éprouver à nouveau la solidité de sa démocratie: la course pour les cruciales élections législatives de mi-mandat était lundi dans sa dernière ligne droite.

L’actuel et l’ancien présidents doivent s’affronter par meetings interposés, en conclusion d’une campagne qui a exposé crûment les divisions de la première puissance mondiale.

 

Elon Musk, qui vient de prendre le contrôle de Twitter, s’est invité avec fracas dans ces dernières heures de campagne en appelant à voter républicain: " Le partage du pouvoir limite les pires excès, donc je recommande de voter pour un Congrès républicain, étant donné que la présidence est démocrate. "

Ce n’est pas sur Twitter, dont il est toujours exclu, que Donald Trump fait monter le suspense sur une candidature à la présidentielle de 2024.

 

Le milliardaire sera en meeting dans l’Ohio, un Etat industriel du Midwest emblématique des inquiétudes de l’Amérique qu’il a su séduire.

Dimanche, sous les cris " Quatre ans de plus! " de ses partisans, il les a invités avec insistance à " rester branchés " pour ce rendez-vous.

Le  " cuisinier de Poutine " , Evguéni Prigojine, a admis lundi des  " ingérences  " dans les élections américaines, à la veille du scrutin de mi-mandat aux Etats-Unis qui, depuis des années, accusent Moscou d’interférences.

 

 

Dans un climat tendu, avec des candidats républicains qui menacent de ne pas reconnaître une éventuelle défaite, la Russie a soufflé sur les braises: le Kremlin a avoué des " ingérences " dans les élections US, notamment lors de la présidentielle de 2016.

" Nous nous sommes ingérés, nous le faisons et nous allons continuer de le faire. Avec précaution, précision, de façon chirurgicale, d’une manière qui nous est propre ", a déclaré lundi un homme d’affaires russe proche du Kremlin, Evguéni Prigojine.

 

Les républicains se montrent de plus en plus confiants dans leurs chances de renverser entièrement le Congrès. C’est-à-dire non seulement de prendre la Chambre des représentants, ce qui est le scénario classique aux " midterms ", mais aussi d’arracher à Joe Biden son mince contrôle du Sénat.

Le parti rêve désormais ouvertement d’une " vague rouge ", la couleur des conservateurs.

 

Kevin McCarthy, possible futur patron républicain de la Chambre des représentants, a déjà envisagé lundi sur CNN de vastes enquêtes sur le bilan de Joe Biden, allant du retrait d’Afghanistan à la gestion de la pandémie de Covid-19. Voire des procédures de destitution.

Les " midterms " se convertissent de fait en référendum sur l’occupant de la Maison-Blanche, qui échappe très rarement au vote sanction.

La plus grande supercherie de Trump et ses partisans reste le rejet des résultats de la présidentielle de 2000 et la victoire de Biden.

 

 

Joe Biden devrait à nouveau répéter pour son dernier meeting, dans l’Etat du Maryland, que cette élection n’est pas un référendum sur son action mais " un choix ", en particulier sur le droit à l’avortement et la démocratie.

Face à l’efficacité d’une campagne républicaine centrée sur l’inflation galopante, les démocrates ont tenté d’insister davantage ces derniers jours sur les réformes lancées par Joe Biden pour faire baisser le prix des médicaments, relancer l’emploi industriel… Mais les Américains n’en sentiront pas les effets avant des années.

 

" Je ferai ce qu’il faut pour faire baisser l’inflation ", a tweeté M. Biden, en accusant le camp d’en face d’être à la solde des grandes entreprises.

Le président, au travers, par exemple, d’un entretien avec le très respecté pasteur Al Sharpton, a aussi fait un effort de dernière minute pour remobiliser l’électorat afro-américain, qui avait joué un rôle décisif dans sa victoire dans la course à la Maison-Blanche, mais qui s’estime négligé depuis à en croire de nombreux activistes.

 

Donald Trump, lui, s’est jeté à corps perdu dans la campagne, donnant à ces " midterms " l’allure d’une seconde manche du match de 2020. Voire d’un tour de chauffe avant 2024?

Joe Biden dit jusqu’ici avoir l’intention de se représenter. Cependant, la perspective n’enchante pas tous les démocrates, en raison de son âge — bientôt 80 ans — et de son impopularité.

Le scrutin, et en particulier le contrôle du Sénat, se joue dans une poignée d’États clés: la Pennsylvanie, la Géorgie, l’Arizona, le Nevada, le Wisconsin et la Caroline du Nord.

 

Le ministère de la Justice a indiqué qu’il allait déployer des observateurs dans 24 États pour suivre le processus et guetter d’éventuelles irrégularités, une mesure de routine, mais qui intervient alors que les tensions montent déjà autour du scrutin.

Au total, près de 17 milliards de dollars auront été dépensés pour ces élections de mi-mandat, selon le site Opensecrets, un record.

En hausse aussi, le vote anticipé: lundi, plus de 42 millions d’Américains avaient déjà voté à l’avance, surpassant le niveau des législatives de 2018, selon le US Elections Project.

Avec AFP