A quatre jours de la fin prévue de la COP27, il faut un miracle pour surmonter les divisions entre pays riches responsables du réchauffement et pays pauvres qui réclament de l’aide pour y faire face. Quant au respect de la limitation du réchauffement climatique à +1,5°C, c’est un voeu pieux auquel peu de participants au sommet de Charm el-Cheikh osent y croire encore.

" Nous avons terminé sur certaines questions, mais il reste encore beaucoup de travail si nous voulons obtenir des résultats significatifs et tangibles dont nous pourrons être fiers. Il faut maintenant changer de vitesse ", a exhorté Sameh Choukri, président de la COP27, lors d’un bref point d’étape en ouverture de la dernière ligne droite de la conférence mondiale sur le climat à Charm el-Cheikh, en Egypte, prévue jusqu’à vendredi.

Des militants pour le climat manifestent lors du sommet de la COP27. " L’Afrique n’est pas responsable pour les émissions. On a juste contribué moins de quatre pour cent ", déclare Ina Maria, une manifestante namibienne. " Il y a beaucoup d’injustice ", ajoute-t-elle.

 

 

Le chef de la diplomatie égyptienne a listé les points litigieux, soit tous les chapitres importants: l’atténuation (baisse des émissions), l’adaptation aux effets prévisibles du changement climatique et les finances, notamment pour les " pertes et dommages " déjà inévitables, qui frappent souvent les pays les plus pauvres, les moins responsables du réchauffement.

Simon Stiell, patron de l’agence ONU-Climat, a fait écho à cette liste dans un tweet: " les peuples et la planète attendent de ce processus qu’il tienne ses promesses ". Et d’appeler à " construire les ponts nécessaires pour progresser sur (la limitation du réchauffement à) 1,5°C, l’adaptation, le financement et les pertes et dommages ".

" Il n’y a pas de compromis… nos îles s’érodent ", prévient la ministre de l’Environnement des Maldives, Aminath Shauna, lors d’un entretien avec l’AFP en marge de la COP27 . " Ce n’est pas une question de manque de moyens financiers ", dit-elle en mentionnant la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, ajoutant que le plus gros problème est " le manque de volonté politique " et un " refus de voir l’urgence climatique ".

 

 

Il y a un an, à la précédente COP à Glasgow, quelque 200 pays s’étaient engagés à " maintenir en vie " l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. C’est-à-dire limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, en rehaussant leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre pour la COP27.

La présidence allemande du G7 et une soixantaine de pays vulnérables lancent à la COP27 une nouvelle structure pour aider les populations à financer les impacts du réchauffement: le " bouclier mondial contre les risques climatiques ", une initiative accueillie avec prudence par les ONG.

 

 

Mais seuls une trentaine l’ont fait, mettant la planète sur la voie au mieux d’un réchauffement de +2,4°C. Et la première semaine de la COP27 n’a pas vu beaucoup d’annonces, à l’exception du Mexique.

Selon plusieurs observateurs, la Chine et l’Arabie saoudite ont même fait savoir leur réticence, déjà exprimée dans le passé, à voir dans la déclaration finale la référence à l’objectif de +1,5°C, insistant sur le principal objectif de l’accord de Paris de " nettement en dessous " de +2°C.

L’habitat naturel de plusieurs animaux sauvages se rétrécit en raison des coupes forestières.

 

 

" La plupart des pays ici n’a pas l’intention de revenir en arrière ", a insisté l’émissaire spécial américain pour le climat, John Kerry, mais les décisions se prennent par consensus et un pays peut à lui seul bloquer la machine.

Poussant toujours pour plus d’ambitions, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, à la veille d’un sommet du G20 à Bali, a appelé lundi ces vingt pays responsables de 80% des émissions, à mettre en place un " plan commun pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ".

Certains observateurs étaient déjà encouragés par la rencontre lundi entre les présidents chinois Xi Jinping et américain Joe Biden.

Des militants pour la lutte contre le changement climatique se rassemblent avec des pancartes pour une manifestation appelant la conférence du G20 à adhérer à la limitation de l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, au Centre international de convention de Charm el-Cheikh.

 

 

L’annonce par la Maison-Blanche de la reprise de la coopération pour renforcer " les efforts " en matière de climat entre les deux plus gros émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, aux relations tendues, provoque " un soupir de soulagement ", a commenté Ani Dasgupta, président du World Resources Institute.

M. Choukri a demandé aux délégations d’achever les travaux techniques mardi, afin de pouvoir passer ensuite la main aux ministres attendus à Charm el-Cheikh.

Dans la déclaration finale, il faut " un certain nombre de choses qui disent aux gens +on vous a entendus, il y a une urgence, c’est tout le monde sur le pont et on va utiliser tous les leviers pour décarboner la planète+ ", résume Alden Meyer, analyste au groupe de réflexion E3G.

" J’espère que des mesures seront prises, avec courage et détermination, dans le sillage de l’accord de Paris " tweete le pape François à l’occasion du sommet de la COP27.

 

 

Du Pakistan noyé sous les inondations quelques mois auparavant aux petites îles du Pacifique menacées par la montée de l’océan, les pays en développement réclament de leur côté plus d’argent aux pays riches qui n’ont pas respecté leur promesse de porter à 100 milliards de dollars par an leur aide destinée à la réduction des émissions et l’adaptation aux impacts.

Vanessa Nakate, militante ougandaise pour le climat, exhorte le président américain Joe Biden à aider les personnes les plus touchées par les ravages du réchauffement climatique. Inspirée par la Suédoise Greta Thunberg, Nakate, qui a fondé le mouvement Rise Up Climate dans son pays natal, l’Ouganda, est devenue une voix importante parmi la jeunesse mondiale qui lutte pour l’action et la justice climatique.

 

 

Ils revendiquent également désormais la mise en place d’un mécanisme spécifique pour faire face aux " pertes et dommages " déjà subis.

Europe et Etats-Unis y sont notamment très réticents, et le président Biden a soigneusement évité le terme lors de son bref passage vendredi à la COP, plaidant plutôt pour mobiliser le secteur privé.

L’habitat naturel de plusieurs animaux sauvages se rétrécit en raison des coupes forestières.

 

 

Créer un mécanisme dédié, " est-ce que c’est la bonne solution? On pense que ce n’est pas le cas ", indique de son côté une source européenne à l’AFP, préférant l’utilisation d’organismes existants comme le Fonds Vert pour le climat.

La présidence allemande du G7 et une soixantaine de pays vulnérables ont lancé lundi à la COP27 un " bouclier ", nouvelle structure pour aider, notamment via des assurances, les populations à financer les impacts du réchauffement, initiative accueillie avec prudence par les ONG.

Une activiste du climat se faire refuser l’entrée à un pavillon par des agents de sécurité après avoir participé à une manifestation.

 

" Le plus gros problème est le manque de volonté politique, la réticence à voir l’urgence climatique ", a déploré la ministre de l’Environnement des Maldives Aminath Shauna, refusant tout " compromis " sur les pertes et dommages.

Avec AFP