Sur le front ukrainien, la journée de mercredi était chargée d’évènements et de déceptions. En effet, après l’annonce du retrait des troupes russes par Moscou, les Occidentaux et Kiev ont été surpris par l’arrivée inopinée de plusieurs milliers de militaires supplémentaires dans les régions frontalières de l’Ukraine. " Hier les Russes ont annoncé qu’ils retiraient des troupes de la frontière avec l’Ukraine (…). Nous savons maintenant que c’est faux. En réalité nous avons désormais confirmé que ces derniers jours la Russie a augmenté sa présence le long de la frontière ukrainienne de jusqu’à 7000 militaires dont certains arrivés aujourd’hui ", a dit ce haut responsable, qui a requis l’anonymat, à des journalistes. Cet avertissement faisait écho aux déclarations faites par l’Otan et  la France plus tôt dans la journée.

" La Russie dit vouloir trouver une solution diplomatique mais ses actions indiquent le contraire. Nous espérons qu’elle changera de direction avant de lancer une guerre catastrophique et destructrice ", a-t-il encore déclaré. Il a assuré que la Russie pouvait " à tout moment " déclencher une opération qui lui servirait de prétexte pour envahir l’Ukraine. Le haut responsable a estimé que cette opération prétexte pourrait revêtir " des formes différentes ", comme " une provocation " dans la région du Donbass, ou une fausse " incursion " en territoire russe. Indiquant s’attendre à " davantage de fausses informations de la part des médias d’Etat russes au cours des prochains jours ", il a dit: " Nous espérons que le monde est prêt ".

L’armée russe a annoncé mercredi la fin d’exercices et le départ de soldats de la péninsule annexée de Crimée, publiant une vidéo affirmant montrer des wagons chargés de matériel militaire quittant la zone de nuit. Le Belarus a aussi promis mercredi que tous les soldats russes déployés sur son territoire dans le cadre de manoeuvres quitteraient le pays à la fin prévue de ces exercices, le 20 février. Mais les Occidentaux disent ne pas voir la désescalade annoncée.

Lors d’un entretien téléphonique mercredi soir, le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz sont tombés d’accord pour dire que " la Russie doit prendre de véritables mesures de désescalade " et " s’attendre à des conséquences extrêmement graves " si elle attaque l’Ukraine, selon un communiqué de Berlin. " Aucun retrait significatif des troupes russes n’a été observé jusqu’à présent ", ont estimé MM. Biden et Scholz dans la soirée. La menace russe " est là, elle est réelle ", avait affirmé plus tôt le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken, assurant voir " des forces qui seraient à l’avant-garde d’une éventuelle agression (…) qui continuent d’être massées à la frontière ". " Au contraire, il apparaît que la Russie continue de renforcer sa présence militaire ", a déclaré le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. Il a dit que l’Otan allait encore renforcer sa présence militaire sur son flanc oriental face aux menaces russes, désormais devenues " la nouvelle normalité en Europe ". La Russie concentre toujours " autant de forces " autour de l’Ukraine, a aussi dit le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

Les Occidentaux s’inquiètent depuis des semaines des risques d’une attaque de l’Ukraine par la Russie, qui a massé plus de 100.000 soldats aux frontières de ce pays, une situation explosive au coeur de la pire crise avec Moscou depuis la fin de la Guerre froide. Tout en multipliant les tractations diplomatiques, Américains et Européens ont prévenu que des sanctions économiques massives étaient prêtes en cas de passage à l’acte de Moscou, qui dément toute volonté d’invasion.

Le président ukrainien a promis mercredi que son pays se " défendra " contre toute invasion russe, en assurant comme ses alliés occidentaux ne pas constater de retrait réel des soldats russes de la frontière, contrairement à ce qu’annonce Moscou. Après avoir assisté à d’importants exercices militaires lors desquels les forces ukrainiennes ont étrenné des armes anti-chars fournies par les Occidentaux à Rivné, dans l’ouest du pays, le président Volodymyr Zelensky s’est rendu dans l’est à Marioupol, près de la ligne de front avec les séparatistes prorusses soutenus par Moscou.

" Nous n’avons peur d’aucun pronostic, nous n’avons peur de personne (…) car nous allons nous défendre ", a lancé M. Zelensky, vêtu d’une tenue militaire à l’occasion de la " Journée de l’unité " qu’il avait décrétée. Comme plusieurs autres pays occidentaux, il a dit ne pas avoir vu de changements réels dans la concentration de troupes russes aux frontières de l’Ukraine. " Nous voyons une accumulation de troupes qui n’a pas changé ces dernières semaines ", a assuré le président ukrainien, disant avoir simplement constaté de " petites rotations ".

Avec AFP

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