De nouveaux cas ont été répertoriés à Genève et Paris. La CIA a récemment écarté l’hypothèse de l’attaque aux micro-ondes dirigée par une puissance étrangère contre les diplomates américains.

Fin 2016 à Cuba, plusieurs diplomates américains sont frappés d’acouphènes, de vertiges et de maux de tête. Depuis l’apparition du " syndrome de La Havane ", d’autres Américains ont été touché dans plusieurs villes du monde : Vienne (Autriche), Hanoï (Vietnam), Berlin (Allemagne), Canton (Chine), Moscou (Russie) et Bogota (Colombie). Plus récemment, c’est à Genève et à Paris que les diplomates Américains ont été touché par ces maux mystérieux. Au moins trois d’entre eux servant au consulat de Genève auraient été atteints du syndrome. L’un d’eux a été évacué vers les Etats-Unis pour y être soigné. Plus de 200 personnes et leurs familles ont été touché par le syndrome, depuis 2016.

Pour la CIA, qui a longuement investigué, les missions diplomatiques américaines ne sont pas les cibles d’une puissance étrangère, une attaque aux micro-ondes est " peu probable " selon les experts.  Et si une attaque aux ondes radios reste possible, aucune preuve n’a été apportée jusqu’ici. Certains ont parlé d’une " hystérie collective ", mais cette théorie est elle aussi peu vraisemblable étant donné la disparité des potentielles attaques. Les Etats-Unis semblent avoir pris l’affaire au sérieux, une cellule a été mise sur pied par Anthony Blinken pour investiguer davantage et fournir une aide médicale d’urgence aux diplomates. Les signalements des victimes " n’ont pas toujours été pris au sérieux ", a commenté le chef de la commission renseignement au Sénat le 18 janvier, Mark Warner, notant que ce rapport " reflète seulement le travail préliminaire de la CIA ".

La BBC, reconnue pour ses enquêtes sérieuses, a investigué sur ce nouveau syndrome. " Le cerveau est considéré comme le champ de bataille du XXIe siècle ", affirme James Giordano, professeur de neurologie et de biochimie à l’université de Georgetown, à qui l’on a demandé d’examiner les premiers cas de La Havane.

Le professeur Giordano a déclaré au média britannique que " des moyens d’augmenter et d’endommager les fonctions cérébrales sont en cours d’élaboration ". Il indique que la Chine et la Russie se sont engagées dans la recherche sur les micro-ondes et évoque la possibilité que des outils mis au point pour des usages industriels et commerciaux – par exemple pour tester l’impact des micro-ondes sur les matériaux – aient pu être réutilisés, rapporte la BBC.

La Maison blanche visée ?

Un ancien conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale s’est inquiété de la menace que pourrait constituer le " syndrome de La Havane " pour les Etats-Unis et le président lui-même. " Si nous étions en guerre et qu’un adversaire pouvait mettre hors service le président et ses conseillers les plus proches (…), cela nous rendrait extrêmement vulnérables ", a estimé John Bolton sur la chaîne CBS.

Il aurait ainsi affecté un responsable du Conseil à la sécurité nationale de la Maison Blanche, qui se serait brusquement senti mal alors qu’il marchait dans un parc proche du siège de l’exécutif américain, avait rapporté la chaîne CNN l’an dernier.

CBS indique avoir parlé à de hauts responsables de la Sécurité intérieure de l’administration Trump, qui ont dit avoir eu " le vertige, se sentir confus " et avoir eu des pertes de mémoire alors qu’ils étaient à la Maison Blanche ou chez eux dans la région de Washington.

Le " syndrome " avait même retardé le voyage de la vice-présidente Kamala Harris au Viêt Nam, en août 2021, lorsqu’un cas avait été répertorié quelques heures plus tôt à Hanoï. Les diplomates inquiets se posent désormais des questions avant de prendre des missions à l’étranger avec leur famille.

Selon un groupe d’experts internationaux, des ondes électromagnétiques et des ultrasons, émis à faible distance pourraient avoir provoqué certains des " incidents anormaux de santé ". La technologie susceptible de provoquer le genre de symptômes constatés (maux de tête, nausées, vertiges, voire lésions neurologiques) existerait.

Pas de rapport définitif

" Nous travaillons sans relâche, au sein du gouvernement, pour tirer au clair ce qui s’est passé, savoir qui est responsable et, en même temps, assurer la prise en charge de ceux qui ont été affectés et protéger nos représentants du mieux que nous le pouvons ", a déclaré Anthony Blinken fin janvier sur la chaîne américaine MSNBC.

Les autorités cubaines ont tenté de minimiser au maximum cette affaire. Peu de temps après, l’Académie cubaine des sciences et le Centre des neurosciences cubain a organisé un événement intitulé : " Le syndrome de La Havane existe-t-il ? " et convenu que le terme " syndrome de La Havane " était " une fabrication médiatique ", arguant qu’" il n’y a aucune preuve pour indiquer qu’il existe une nouvelle maladie " et que " les accusations ne résistent pas à une analyse scientifique sérieuse ".

En l’absence de rapport scientifique sérieux et définitif, l’énergie provoquée par des ondes radios reste l’hypothèse la plus probable – ou la moins farfelue, selon le point de vue –, selon un rapport américain publié en 2020. " D’importantes recherches " ont été menées sur la technologie des radiofréquences pulsées " en Russie-URSS " et des " militaires des pays communistes ont été exposés à des radiations " de ce type, selon le rapport américain. La CIA a par la suite écarté cette hypothèse. Le mystère reste donc entier alors que les deux pôles d’expertises divergent quant aux premières investigations menées.

Le gouvernement américain a quant à lui privilégié la piste des ondes électromagnétiques pour expliquer ces symptômes mystérieux.

Avec AFP