La Turquie tronquent peu à peu les camp de tentes pour des logements en béton pour les réfugiés Syriens, près de 11 ans après le début de la révolution de mars 2011. Ankara a financé un complexe résidentiel près de la ville d’al-Bab dans le nord de la Syrie, une région qui échappe au contrôle du régime de Bachar al-Assad.
Le dernier complexe résidentiel en date a été achevé ce mois-ci près de Bizaah, à 3 km à l’est d’al-Bab, avec le soutien de l’Agence gouvernementale turque de gestion des catastrophes et des situations d’urgence (Afad), selon des responsables locaux. Il se compose de 300 unités en béton identiques d’un étage avec de grandes portes métalliques et de petites fenêtres latérales. Le complexe – un des nombreux projets de logement similaires soutenus par l’Afad – comprend aussi une mosquée et une école. Un centre médical est actuellement en construction, ont indiqué des responsables locaux. Le complexe de logements de Bizaah a été construit sur un terrain géré par un conseil local avec " l’entière coopération de nos frères turcs ", affirme Hussein al-Issale, qui supervise la réinstallation des familles déplacées. " Ces maisons sont des abris temporaires pour nos frères déplacés ", ajoute ce responsable local.
Exil intérieur
De nombreuses familles déplacées sont reconnaissantes envers la Turquie, mais pas Mohammad Haj Moussa, 38 ans et père de quatre enfants, qui a vécu dans des camps depuis que la guerre l’a forcé à quitter sa ville natale à Idleb il y a cinq ans. Pour lui, la vie entre quatre murs de béton n’est que " légèrement différente " de celle dans une tente. " On est en train de se mentir ", affirme-t-il. Car, ce que " nous voulons (c’est) une solution (permanente). Nous voulons rentrer chez nous ".
Non loin de là, Ahmed Mustafa Katouli se dit reconnaissant d’avoir aujourd’hui un toit en béton pour lui, sa femme et leurs six enfants, mais il se plaint que les logements sont trop petits. " Ces maisons ne compensent pas ce que nous avons perdu ", dit cet homme déplacé par les combats à Alep il y a une dizaine d’années. " Nous avons perdu maisons, terres et martyrs ", mais après tout le temps passé dans des tentes " je suis obligé de vivre ici. "
L’écrivain syrien en exil Yassin Al Haj Saleh décrit dans une de ses Lettres à Samira que les Syriens " se sentent aujourd’hui plus que jamais étrangers dans leur pays. Ils s’y sentent exilés. " Les logements en béton tronquant les tentes est l’un de ces symptômes de cet exil intérieur de longue durée. Ce dernier est le résultat de la nouvelle démographie assadienne de la Syrie qui compte plus de 6,7 millions de déplacés internes répartis dans des régions contrôlées par divers acteurs.
Avec AFP