Face à l’acharnement de l’armée russe, l’UE et les Etats-Unis ainsi que leurs alliés ont décidé mardi d’augmenter l’ampleur de leur offensive sur le terrain des sanctions. " Nous allons à coup sûr " prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, a confirmé mardi le chancelier allemand Olaf Scholz. " Le bain de sang doit cesser ", a-t-il ajouté, estimant que l’Ukraine luttait " pour sa survie ". " Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe ", a affirmé plus tôt le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne. " Vladimir Poutine a sous-estimé l’unité et la détermination de l’Occident et du reste du monde ", a aussi affirmé le Premier ministre britannique Boris Johnson.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé une aide humanitaire de 500 millions d’euros à l’Ukraine.

La communauté internationale s’efforce de priver la Russie de tous ses financements internationaux et de bloquer les avoirs de Vladimir Poutine et son entourage. Moscou a riposté en adoptant lundi une série de mesures-choc pour soutenir l’économie et le rouble, tombé à des plus bas historiques. Mardi, le Premier ministre russe a indiqué préparer un nouveau décret pour enrayer la fuite des investisseurs étrangers, alors que la bourse de Moscou restait fermée.

Dans ce contexte, une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’Otan a été convoquée en " présentiel " pour vendredi à Bruxelles, cependant que leurs collègues des Finances du G7 ont discuté mardi de sanctions supplémentaires contre l’économie russe, déjà sous le coup d’une série de mesures d’une ampleur historique.

Quatre des cinq principaux armateurs mondiaux ont cessé de desservir les ports de Russie, tandis que l’opérateur du gazoduc germano-russe Nord Stream 2, dont le siège est en Suisse, a déposé le bilan. Le géant pétrolier italien Eni compte lui se retirer d’un gazoduc reliant la Russie à la Turquie.

Apple a également indiqué avoir suspendu la vente de tous ses produits en Russie, emboîtant le pas à de nombreuses entreprises choisissant de prendre leurs distances avec Moscou.

Le gouvernement russe, qui s’évertue à contrer ces sanctions, préparait quant à lui mardi un nouveau décret pour enrayer la fuite des investisseurs étrangers.

Dans le même temps, il faisait bloquer l’accès à une chaîne de télévision en ligne et à une station de radio indépendantes de renom, Dojd et Echo de Moscou, dans le cadre d’un renforcement du contrôle sur l’information.

Conséquence de ces tensions, les Bourses européennes et Wall Street ont terminé en forte baisse. Les prix du pétrole continuaient parallèlement de monter, avant la réunion mercredi de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés (Opep+). Idem pour les cours du blé et du maïs, à un niveau record en Europe.

Outre les sanctions économiques, la Russie est désormais exclue d’une multitude d’évènements culturels et sportifs, y compris du Mondial de football 2022 au Qatar.

Un million de déplacés

Le conflit a jeté sur les routes des flots d’Ukrainiens , dont plus de 660.000 ont fui vers les pays voisins depuis jeudi, a indiqué mardi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.

Et de longues files de voitures continuaient à se diriger vers la frontière polonaise, depuis la grande ville de l’ouest de l’Ukraine, Lviv, devenue à la fois porte de sortie et centre de repli.

Des femmes s’étant repliées à Lviv, laissant les hommes de la famille " défendre l’Ukraine ", s’y mobilisaient pour les soutenir, en donnant leur sang ou en confectionnant des filets de camouflage.

L’ONU estime à un million le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine, a annoncé mardi une responsable du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR).

L’UE s’attend à plus de sept millions de personnes déplacées.

L’ampleur des pertes humaines reste incertaine. L’ONU a évoqué lundi 102 civils tués et 304 blessés, ajoutant que les chiffres réels étaient " considérablement " plus élevés.

L’Ukraine a fait état lundi de 352 civils tués et 2.040 blessés depuis jeudi et affirmé que des milliers de soldats russes avaient péri.

Les forces russes ont reconnu des pertes dans leurs rangs, sans fournir aucun bilan.