Le chancelier allemand Olaf Scholz a estimé mercredi lors d’une visite en Israël qu’un accord sur le nucléaire iranien ne pouvait " plus être reporté " indéfiniment, au moment où des discussions se tiennent à Vienne pour sauver le pacte avec Téhéran.
" Il est temps de dire oui à quelque chose qui représente une solution bonne et raisonnable ", a ajouté M. Scholz, lors de sa première visite à Jérusalem en tant que chef du gouvernement allemand.
A ses côtés, Naftali Bennett a dit suivre les négociations qui se déroulent depuis plusieurs mois à Vienne " avec préoccupation ". Il estime qu’un accord rendant possible l’installation en Iran de centrifugeuses " à grande échelle en l’espace de quelques années " ne serait " pas acceptable " pour l’Etat hébreu.
Israël, qui considère Téhéran et son programme nucléaire comme une menace à sa sécurité et celle du Moyen-Orient, " saura se défendre et assurer sa sécurité et son futur ", a-t-il assuré.
Ces derniers jours, des négociateurs ont fait état d’avancées dans les pourparlers visant à sauver cet accord conclu en 2015 entre l’Iran, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne.
La France a elle affirmé lundi qu’il y avait " une urgence critique à conclure les négociations cette semaine ".
L’enjeu est de faire revenir dans l’accord les Etats-Unis, qui s’en étaient retirés en 2018 en rétablissant des sanctions contre l’Iran. Téhéran avait en réaction rompu ses engagements liés à ses activités nucléaires sensibles.
L’accord de 2015 avait permis, jusqu’au retrait américain, la levée de sanctions économiques internationales contre la République islamique. En échange cette dernière devait respecter les restrictions liées à son programme nucléaire, censées l’empêcher de se doter de la bombe atomique, intention qu’elle a toujours niée.
Israël est opposé à l’accord estimant que la levée des sanctions prévue dans le texte permettait à l’Iran de s’armer davantage.
Téhéran a déclaré samedi attendre des " décisions politiques " des Occidentaux pour conclure les pourparlers, ajoutant que l’invasion de l’Ukraine par Moscou lancé jeudi ne devait pas affecter les négociations.
La visite d’Olaf Scholz intervient au moment où les forces russes continuent leur offensive en Ukraine, poussant Berlin à suspendre le gazoduc germano-russe controversé Nord Stream 2 et à livrer des armes à Kiev.
M. Scholz a assuré mardi que de nouvelles sanctions seraient prises " à coup sûr contre la Russie ".
" Sous votre direction, l’Allemagne aujourd’hui représente un pilier de stabilité, de commandement et de responsabilité en Europe ", a loué Naftali Bennett à Jérusalem.
Israël a adopté une position plus prudente sur le conflit, mettant en avant ses bonnes relations avec l’Ukraine et la Russie, principaux viviers de l’aliyah, l’immigration juive en Israël. La Russie a par ailleurs des troupes en Syrie, pays voisin en guerre.
" Nous avons une politique très mesurée et responsable dont l’objectif est d’aider le peuple ukrainien et de faire ce que nous pouvons pour alléger une partie des pressions et des conséquences de cette horrible situation ", a déclaré M. Bennett mercredi.
Plus tard, il s’est entretenu au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour la deuxième fois depuis l’invasion russe. Ils ont convenu de " maintenir une communication continue ", d’après son bureau.
M. Bennett a par ailleurs appelé le président russe Vladimir Poutine qui l’a informé des développements en Ukraine, selon une déclaration du Kremlin.
Le bureau du Premier ministre israélien n’a pas commenté cet appel.
Mercredi, Israël a voté en faveur d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies exigeant le retrait de Moscou en Ukraine.
L’Etat hébreu a annoncé l’envoi d’aide humanitaire en Ukraine mais a, selon des médias locaux, refusé de fournir des armes à Kiev.
Avant son départ de Jérusalem, M. Scholz a rencontré le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid et visité le Parlement israélien.
Invoquant la crise ukrainienne, il a reporté une visite prévue en Cisjordanie occupée où il devait rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, d’après la représentation allemande à Ramallah.
AFP
